D'abord, les petits fruits sont apparus plus tôt qu'à l'habitude. Maintenant, c'est le maïs qui fait une entrée hâtive et les plants de tomates qui atteignent des hauteurs vertigineuses dans les potagers. La nature est généreuse au Québec, cet été : les grandes chaleurs du printemps ont favorisé certaines cultures et, coup de chance, ce sont les préférées des Québécois!

«Il y a toujours des perdants et des gagnants, avec la nature», explique Deborah Lindsay, de la ferme biologique L'Accueil chaleureux, à Saint-Philippe, en Montérégie. Cette année, ce sont les légumes de chaleur qui ont bénéficié de la météo, dit-elle.

Les tomates, les courgettes, les poivrons, les échalotes, le maïs et les concombres arrivent plus tôt et sont de très bonne taille. À L'Accueil chaleureux, les melons charentais sont aussi déjà prêts. Deborah Lindsay prévoit une excellente saison, bien qu'il y ait un peu de retard pour les légumes dits de froid. Certaines crucifères, comme le chou-fleur et le chou, connaissent une saison plutôt ordinaire dans la région de Montréal.

Information confirmée par le président de la Fédération des producteurs maraîchers du Québec, Normand Legault. Même si ses fleurs de courgettes profitent bien de l'alternance pluie-soleil, il reste très prudent : mieux vaut attendre la fin de l'été avant de célébrer une saison exceptionnelle. Des intempéries à la fin du mois pourraient ruiner la saison, dans certaines cultures.

D'ici là, s'il continue de faire aussi chaud, ce sont surtout les travailleurs qui en souffrent, soulignent certains producteurs, qui préfèrent faire les récoltes au début et à la fin de la journée.

Les consommateurs déjoués

Autre bémol de la part des maraîchers : l'arrivée hâtive de certains fruits et légumes déjoue les habitudes des consommateurs. Selon Marc Van Velzen, les gens ignorent que le maïs sucré du Québec est déjà prêt. Pire : les grandes surfaces ont encore du maïs américain dans leurs étalages, précise le producteur de Boucherville. «L'année dernière, le maïs du Québec était en retard, rappelle-t-il, et les consommateurs nous attendaient. Cette année, c'est l'inverse.»

La Financière agricole, qui a publié son bilan de mi-saison hier, prédit des rendements dans la moyenne ou au-delà pour l'ensemble des cultures de la province, sauf pour les bleuets, les pommes et les fraises dans les régions qui ont eu du gel ou de la grêle au printemps.