Le Québec connaît sa première vague de chaleur accablante de l'été. Jusqu'à vendredi, Environnement Canada prévoit que les températures flirteront avec les 32° dans la région de Montréal et le sud-ouest du Québec, dit André Cantin, d'Environnement Canada.

À 76 ans, André Drouin adapte sa routine aux excès du mercure. «On se tient à l'ombre, j'ai un ventilateur, explique M. Drouin, rencontré dans la fraîcheur climatisée de la place Dupuis. Je bois beaucoup d'eau: on n'a plus 20 ans!»

La chaleur a toutefois entraîné un surplus d'appels à Urgences-santé, qui a mis en place son plan de contingence hier, en début d'après-midi. «On n'est pas débordés, mais on a plus d'appels que d'habitude, ce qui est tout à fait normal dans un contexte de vague de chaleur», dit le porte-parole d'Urgences-santé, Benoît Garneau.

Des effectifs supplémentaires sont déployés sur les routes du Québec afin de répondre à ces appels. «On met des effectifs sur la route pour répondre à la demande, on transporte les personnes à l'hôpital le plus proche possible. Cela nous permet de récupérer nos ambulances plus rapidement», explique M. Garneau.

Urgences-santé est sollicité par une clientèle diverse, selon M. Garneau. «On a toutes sortes de cas. Beaucoup d'appels proviennent de personnes âgées ou de personnes qui ont des problèmes de santé chronique, des problèmes cardiaques», dit-il.

Du côté des résidences pour personnes âgées, on invite les pensionnaires à se tenir au frais. «On met des salles climatisées à la disposition des résidants et on affiche ce qu'il faut faire en cas de canicule», explique Marie-Ève Bujold, adjointe administrative à la résidence Les Tournesols, à Montréal.

Malades chroniques

La prudence est de mise non seulement pour les personnes atteintes de maladie chronique, mais aussi pour les travailleurs exposés aux fortes chaleurs. Guy Blanchette, contremaître de chantier, prend au sérieux les risques associés à la chaleur. «Il y a des gens qui ne boivent pas d'eau. J'ai vu des gens qui se sont retrouvés à l'hôpital et même un qui a été dans le coma lors d'un épisode de grande chaleur», raconte-t-il.

«Il faut boire avant d'avoir soif. Tant qu'il y a de l'eau, on est correct, on gère bien mieux la chaleur», dit de son côté Stéphanie Coutu, chef d'équipe. C'est aussi l'une des recommandations de la CSST.

Hier, en fin d'après-midi, le CHUM et l'Hôpital juif de Montréal n'avaient rien de majeur à signaler en lien avec la canicule. Mais du côté de la Ville de Montréal, on n'exclut pas de voir l'indice de la qualité de l'air se dégrader. «Quand il y a un avertissement de smog dans des conditions météo comme celles qu'on a, il faut limiter l'impact des véhicules moteur», rappelle Diane Boulet, chimiste et responsable du réseau de surveillance de la qualité de l'air.

L'autobus plutôt que l'auto

Pour encourager les gens à prendre l'autobus plutôt que leur voiture, la Société de transport de Laval (STL) vend les billets de bus 1$ au lieu de 2,75$ le lendemain d'un avertissement de smog. Aucune mesure de ce genre n'est prévue à Montréal pour l'instant.

Au smog propre à l'île de Montréal et à sa région s'ajoute la pollution venue des industries de l'Ontario ou des États-Unis, poussée par un vent du sud-ouest. «Il y a des types de pollution sur lesquels on ne peut pas agir, dit Diane Boulet. On sait que, quand c'est un grand épisode de smog, ce n'est pas seulement Montréal qui est en cause.»

Rien d'exceptionnel

Les probabilités d'averse sont faibles et isolées jusqu'à vendredi, où un front froid s'approchera du sud-ouest du Québec, selon Environnement Canada. Si les étés 2008 et 2009 ont été moins chauds, la situation actuelle n'a toutefois rien d'anormal.

«En temps normal, la région métropolitaine connaît toujours une ou deux canicules par été. Il n'y a rien d'exceptionnel à la situation que l'on connaît en ce moment: on est moins habitués, mais c'est assez fréquent», conclut le météorologue André Cantin.