Le mystère entourant un savon arborant une croix gammée et datant de la Seconde Guerre mondiale a été résolu mercredi: des tests en laboratoire ont confirmé qu'il n'avait pas été fabriqué à partir de restes humains ou d'animaux, a indiqué la police de Montréal.

L'enquêteur Paul Chablo a expliqué que le savon, analysé dans un laboratoire privé du sud de l'Ontario spécialisé dans l'étude de vieux objets, ne porte pas de traces d'ADN humain ou animal. Le pain de savon beige avait été envoyé à ce laboratoire pour analyse il y a quelques mois.

«Ce n'est qu'une barre de savon normale», a affirmé M. Chablo, précisant que les résultats étaient négatifs et que la conclusion était claire: aucune trace d'ADN.

L'objet arborant le svastika, le symbole que s'était donné l'Allemagne hitlérienne, avait été découvert dans une boutique d'articles insolites de Montréal.

L'agent Chablo a précisé que la police avait enquêté après avoir reçu une plainte et sur la base de rumeurs qui insinuaient que le savon aurait été fabriqué à partir de graisses humaines de victimes de l'Holocauste.

«L'Holocauste a été une expérience traumatisante pour la communauté juive et c'est quelque chose que l'on ne pouvait pas prendre à la légère», a ajouté M. Chablo. «Et lorsqu'il est question de restes humains dans un savon, cela est jusqu'à un certain point criminel, alors l'on se devait d'enquêter.»

Le propriétaire du magasin, Abraham Botines, affirmait qu'il l'avait acheté d'un ancien soldat et qu'il provenait de la Pologne. Il datait du début des années 1940.

L'organisme B'nai Brith Canada avait envoyé un représentant au magasin pour enquêter et formuler une plainte à la police.

Lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne au mois de mars, M. Botines disait qu'il n'avait aucune idée si le produit était fabriqué à partir de restes humains, affirmant qu'il voulait simplement le vendre puisqu'il ne désirait plus le conserver.

Des groupes juifs avaient dénoncé le savon, qu'ils jugeaient «offensant».

Ce n'est pas illégal au Canada de vendre des produits portant une svastika.

M. Botines, qui est membre de la communauté juive, a indiqué qu'il avait tenté de vendre sans succès le savon au Musée de l'Holocauste à Montréal. Il demandait jusqu'à récemment 300 $ pour l'article. La directrice de l'établissement, Alice Herscovitch, a expliqué qu'il n'y avait aucun intérêt à conserver un tel objet et qu'il n'a aucune valeur historique.

La police a expliqué qu'aucune accusation ne sera portée et que le savon sera rendu sous peu.