Le Canada est exposé aux mêmes risques que le golfe du Mexique en matière de déversement de pétrole par des plate-formes pétrolières et le pays devrait tirer des leçons de la marée noire qui touche les États-Unis, ont indiqué l'opposition fédérale et des experts en science de la mer lundi.

En entrevue, le professeur en science marine de l'Institut de science de la mer de Rimouski, Émilien Pelletier a fait valoir que la catastrophe qui touche la région de la Louisiane est due à deux facteurs.

«Dans un premier temps, le système de valves qui aurait dû empêcher tout rejet de pétrole dans l'océan n'a pas fonctionné. Dans un deuxième temps, si un puits d'urgence avait été creusé à côté de l'actuel forage, cela aurait permis d'y rediriger le pétrole qui est actuellement évacué dans l'eau», a-t-il regretté.

Selon ses dires, les compagnies d'exploitation pétrolière défendent les valves hydrauliques comme étant suffisantes pour assurer la sécurité des installations. Il a rappelé que British Petroleum, responsable de l'exploitation de la plate-forme américaine, avait écrit noir sur blanc que toutes les précautions nécessaires avaient été prises pour garantir qu'un tel déversement n'ait pas lieu.

Il a également insisté sur le fait qu'au moment d'entamer l'exploitation du gisement du Nouveau-Mexique, le forage d'un puits de secours avait été exigé par les autorités, mais que cette demande avait fini par être abandonnée.

Le professeur Pelletier craint que la situation ne se répète au Canada.

«Des permis d'exploitation seront bientôt accordés, notamment dans la mer de Beaufort, où le gouvernement canadien et les communautés avoisinantes ont demandé qu'un puits de secours soit creusé dès que le gisement sera opérationnel. Aujourd'hui, les mêmes compagnies responsables de la catastrophe américaine demandent un assouplissement de la règle canadienne pour que les puits de secours ne soient creusés que plus tard, en prétextant le coût de l'opération», s'est-il indigné.

Il a dit espérer que la catastrophe actuelle fasse réagir les décideurs politiques et les responsables des forages pour que cet argumentaire change.

Par ailleurs, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton a demandé au gouvernement de tenir d'urgence des audiences pour examiner les activités des pétrolières au Canada, dans l'espoir d'éviter une telle catastrophe.

«C'est essentiel qu'on protège cet environnement très fragile et que les demandes de l'industrie pétrolière d'avoir des lois moins sévères ou encore de dérèglementer, soient refusés», a-t-il martelé.

Il a également fait valoir que la société British Petroleum, propriétaire de la plateforme de forage qui a pris feu dans le golfe du Mexique, détient aussi trois permis d'exploitation dans la mer de Beaufort, la section de l'océan Arctique qui touche le nord-ouest du Canada. Ces trois permis couvrent une superficie de plus de 6000 kilomètres carrés.

En réponse aux demandes du chef néo-démocrate, le premier ministre Harper a voulu se faire rassurant, indiquant que la catastrophe écologique en Louisiane ne pourrait pas se produire au Canada.

«Heureusement, nous avons des règles beaucoup plus sévères au Canada pour éviter ce genre de désastres», a-t-il plaidé.

De son côté, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Danny Williams, a affirmé que son gouvernement adoptera des pratiques exemplaires pour empêcher tout déversement important de pétrole sur le territoire de la province.

Le premier ministre a ajouté que ces pratiques exemplaires seraient rapidement adoptées pour affronter les conditions dans l'Atlantique Nord, où l'océan et la météo sont toujours des facteurs dans l'exploration pétrolière.

M. Williams a toutefois précisé que les plateformes de forage au large de Terre-Neuve-et-Labrador sont nettement plus éloignées des côtes que ne l'était celle de BP dans le golfe du Mexique. Il serait donc peu probable de voir un déversement toucher terre ou menacer la pêche.

Il a cependant dit qu'il n'y a pas de garanties et qu'il souhaite minimiser les dommages en cas de déversement.

Le gouvernement canadien et les communautés avoisinantes ont demandé qu'un puits de secours soit creusé dès que le gisement serait opérationnel. Les compagnies pétrolières demandent aujourd'hui un assouplissement de la règle canadienne pour que le puits de secours ne soit creusé que plus tard, prétextant le coût de l'opération.

De son côté, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton a demandé au gouvernement de tenir d'urgence des audiences pour examiner les activités des pétrolières au Canada, dans l'espoir d'éviter une telle catastrophe.

Le premier ministre Harper a assuré que la catastrophe écologique en Louisiane ne pourrait pas se produire au Canada.