Un Québécois sur quatre, en moyenne, considère que la sécurité des piétons sur la voie publique s'est détériorée au cours des dernières années. À cause de qui? Des automobilistes - qui seraient moins respectueux des règles de partage de la chaussée? Ou des piétons eux-mêmes, qui traversent la rue n'importe où, sauf aux intersections et passages piétonniers?

Un sondage réalisé en novembre dernier via internet pour la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) par Léger Marketing brosse un portrait fort ambigu de l'attitude ou du comportement des piétons. Ils sont plus nombreux à se méfier des automobilistes. Et de plus en plus nombreux aussi à reconnaître leurs propres comportements à risque. Même s'ils estiment, dans une proportion de 93%, «avoir été prudent, en tant que piéton, au cours de la dernière année».

Le sondage a été réalisé entre le 5 et le 9 novembre 2009 et 1162 personnes ont répondu au questionnaire.

De façon générale, une personne sur quatre (26%) «juge qu'il est moins sécuritaire pour les piétons de circuler dans les rues de leurs municipalités, par rapport aux années passées», selon le sondage de la SAAQ. La vaste majorité des répondants (72%) estime pour leur part que la sécurité des piétons ne s'est pas dégradée, et qu'elle s'est même améliorée, avec les années.

Une immense majorité (91%) estime, malgré tout, que les policiers doivent être plus sévères à l'endroit des automobilistes qui ne respectent pas les priorités de passage et les passages piétonniers. De même, 79% des Québécois - quatre personnes sur cinq - estiment que la plupart des automobilistes roulent trop vite dans les zones de 50 km/h.

Enfin, 79% des répondants aux sondages croient que les piétons doivent, eux aussi, répondre de leur conduite sur la voie publique, et que les sanctions devraient être plus sévères pour les délinquants. Le sondeur note que cette opinion est partagée par les piétons et par les automobilistes, mais que des différences marquées apparaissent selon l'âge des répondants. Les jeunes et les étudiants y sont plutôt hostiles, tandis que les personnes âgées y sont plutôt favorables.

À risques

C'est dans les réponses données par les répondants identifiés comme des piétons que les résultats surprennent, notamment en raison des différences entre les réponses données en novembre dernier, et celles obtenues dans un sondage similaire, mené en 2007.

Ainsi, seulement 35% des piétons ont estimé que les automobilistes sont généralement respectueux des règles de partage de la chaussée, selon le coup de sonde de novembre 2009. C'est une chute marquée par rapport aux résultats de 2007, où 52% des piétons percevaient le comportement des conducteurs, en général, comme respectueux à leur endroit.

Par contre, le sondeur note aussi une chute, de 55% à 49%, du nombre des piétons qui estiment eux-mêmes être respectueux de ces mêmes règles de circulation. Léger Marketing note ainsi plusieurs reculs notables, sur le plan des comportements à risque.

En 2007, seulement un piéton sur quatre (24%) reconnaissait s'engager «souvent» dans une intersection sans attendre le feu de circulation approprié. En décembre 2009, 34% des répondants, soit une personne sur trois, ont admis qu'ils passaient «souvent» outre aux feux de circulation avant de traverser.

Un grand nombre (37%) des piétons reconnaissait aussi qu'ils traversent les rues «ailleurs qu'aux intersections», et 35% d'entre eux admettent s'être mis au moins une fois dans une situation où ils ont dû hâter le pas pour ne pas être happé par une auto, pendant la dernière année.

Avec la collaboration de William Leclerc.