Les corps policiers de différentes régions du pays ont manifesté l'intention de porter des accusations contre quiconque refusera de retirer des symboles religieux couvrant le visage tels que le niqab musulman après une arrestation.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service de police de la ville de Montréal (SPM) ont exposé leur politique lors d'une entrevue, en prenant soin de signifier qu'un tel refus de se découvrir n'est jamais survenu dans leurs juridictions respectives.

Il s'agit là du plus récent événement dans ce débat sur le port des symboles religieux au Québec, et celui-ci a dérouté un membre éminent de la communauté islamique au Canada.

«Cela devient vraiment absurde», s'est indigné le président du Congrès islamique canadien, Wahida Valiante.

«Il y a seulement 25 femmes qui portent le niqab dans toute la province de Québec. On ne peut donc pas s'attendre à ce qu'elles fassent partie des groupes de citoyens les plus fréquemment arrêtés», a-t-il renchéri.

La GRC et le SPM ont confirmé qu'à leur connaissance, personne ne portant un niqab n'a refusé de l'enlever pour une photo d'identification judiciaire. Ils ont en fait indiqué ne pas se souvenir avoir déjà arrêté une personne portant un niqab.

Malgré tout, cela n'a pas empêché certains médias québécois de se demander ce qu'il adviendrait dans le cas où une personne couverte d'un niqab ou d'une burqa refuserait de découvrir son visage devant un agent de police.

Toute cette question du port de symboles religieux couvrant le visage est une véritable poudrière dans un débat qui a cours au Québec sur la façon dont les minorités religieuses doivent être accommodées.

Un vent a récemment soufflé sur les braises de cette ardente polémique quand une femme d'origine égyptienne a refusé d'enlever son voile au cours d'une classe de francisation.

Selon les statistiques provinciales, cette loi s'appliquerait à moins d'une dizaine de femmes qui ont effectivement demandé de tels services au ministère de la Santé du Québec l'an dernier.

De récents sondages suggèrent que des mesures d'une sévérité semblable pourraient être populaires, non seulement au Québec, mais ailleurs au Canada.

Alors que la police de Montréal a demandé un avis juridique sur cette question il y a un an, la GRC a indiqué avoir toujours agi selon la Loi sur l'identification des criminels du code criminel du Canada.

Le sergent Greg Cox a par ailleurs indiqué que les citoyens doivent se conformer aux procédures d'identification et que les policiers ont le droit d'utiliser une force raisonnable pour dévoiler le visage d'une personne si nécessaire.

Il a toutefois souligné qu'un agent de police n'agirait pas brutalement dans ces circonstances.

«Des accusations vont être portées et le juge va ordonner que la personne se découvre car cela doit être fait» a-t-il plaidé.

«Nous n'allons pas causer de blessures à quelqu'un pour une simple photo», a-t-il lancé, avant d'ajouter qu'il vaut toujours mieux se livrer de bonnes grâces aux séances d'identification judiciaire.

«La personne devrait accepter par elle-même, sinon, la loi a des conséquences sur la personne», a-t-il averti.