Trois villes des Laurentides demandent l'intervention du ministère des Affaires municipales pour dénouer une impasse qui paralyse la Régie intermunicipale d'Argenteuil-Deux-Montagnes (RIADM), un regroupement de quatre municipalités qui possède un dépotoir à Lachute.

Les villes de Brownsburg-Chatham, Saint-André-d'Argenteuil et Saint-Placide souhaitent que le maire de cette dernière municipalité, Denis Lavigne, devienne président de la RIADM. Mais le titulaire du poste, Daniel Mayer, maire de Lachute, refuse de céder sa place.

 

«Il y a eu un vent de changement dans la région, explique le nouveau maire de Saint-André-d'Argenteuil, André Jetté. Je pense que cela devrait se refléter à la RIADM.»

Même si trois des quatre villes qui constituent la RIADM sont favorables à l'éviction de M. Mayer, l'impasse persiste. Car Lachute compte plus d'habitants que ses trois partenaires réunis. Et il faut une double majorité - celle des maires et celle du poids démographique - pour faire avaliser la décision.

Les trois villes qui souhaitent le départ de Daniel Mayer ont adopté des résolutions lors de leurs derniers conseils municipaux pour réclamer la nomination d'un conciliateur par Québec.

«On veut faire éclaircir tout ça par le ministre, par un conciliateur, pour qu'on s'entende une fois pour toutes et qu'on règle le problème, a indiqué le maire de Brownsburg-Chatham, Georges Dinel, qui est aussi un nouvel élu. C'est invivable.»

En attendant la décision du gouvernement, le maire de Lachute reste en poste.

Controverse

Le dépotoir de Lachute suscite la controverse depuis des années. En 2006, la RIADM a cédé le droit d'exploiter le terrain à la firme Gestion environnementale Nord-Sud, propriété de la famille Rémillard. Un regroupement de 56 villes avait pourtant proposé d'acquérir le site.

La Commission municipale du Québec a jugé que la transaction était légale, mais le maire de Saint-Placide, Denis Lavigne, l'a contestée devant les tribunaux. Il a depuis été poursuivi pour 600 000$ par une autre entreprise des Rémillard, après qu'il eut mis des résidants de l'Estrie en garde contre la gestion privée des lieux d'enfouissement.

La Sûreté du Québec a également mis son nez dans l'affaire. Ses enquêteurs ont mené une perquisition dans les locaux de la RIADM l'an dernier.

Puis, le 30 octobre dernier, La Presse a révélé qu'une autre entreprise des Rémillard, RCI Environnement, projetait de transporter des déchets transformés à Longueuil jusqu'au dépotoir de Lachute. L'avocate Christine Duchaine avait alors affirmé que ce projet contrevenait au décret gouvernemental qui autorisait l'agrandissement du site d'enfouissement en 2003 et au Plan de gestion des matières résiduelles de la MRC D'Argenteuil.

Selon le maire de Brownsburg-Chatham, la nomination d'un nouveau président à la RIADM pourrait mener à un dénouement de la bataille judiciaire qui oppose l'organisme à la Ville de Saint-Placide, et qui a déjà coûté plus de 800 000$.

«En étant président de la Régie intermunicipale et en étant maire de Saint-Placide, Denis Lavigne serait obligé de défendre les deux, explique M. Dinel. Ce serait peut-être une manière de régler le dossier.»

Le président de la RIADM, Daniel Mayer, estime qu'il est victime d'une «vengeance politique» orchestrée par son rival, Denis Lavigne.

«Je comprends très mal, dit-il, que de nouveaux élus arrivent dans un organisme et veuillent changer le président pour nommer celui qui a le moins de parts, celui dont la ville n'abrite pas le site, celui qui est en conflit avec la Régie et celui qui la poursuit. Ça n'a aucun sens.»