Une photo montrant le cinéaste Pierre Falardeau et son comédien fétiche Julien Poulin fait actuellement beaucoup jaser. Prise le 6 août dernier lors de la grande marche pour un cessez-le-feu dans le conflit israélo-libanais, la photo montre Julien Poulin brandissant le drapeau du Hezbollah aux côtés de son ami Falardeau.

La Presse a tenté de joindre Julien Poulin sans succès au cours du week-end. Mais, selon Pierre Falardeau, il n'y a aucun mal à ce que quelqu'un s'affiche avec le drapeau du groupe terroriste libanais.

«J'ai aussi une photo de moi avec Denis Coderre, une autre avec Sheila Copps, et une autre avec le Bonhomme Carnaval. Vous ne m'appelez pas, pour celles-là, dit Pierre Falardeau, visiblement ulcéré par notre appel. C'est quoi, le problème, avec le Hezbollah? J'ai jasé avec des jeunes qui étaient là. Je leur ai demandé ce qu'ils faisaient dans la vie, un point, c'est tout.»

Tout en évitant de prendre position en faveur du Hezbollah, Pierre Falardeau explique que ce geste était motivé par la curiosité et l'ouverture d'esprit. «Je n'entérine rien. Julien Poulin et moi, on s'est promenés dans cette manif et on s'est fait photographier avec 1000 personnes. Ces jeunes se sentent isolés et impuissants face à ce qui se passe dans leur pays d'origine. Ils ont l'impression que la seule force capable de sauver le Liban, c'est le Hezbollah. C'est ça que j'ai voulu savoir en parlant à ces jeunes.»

Le réalisateur d'Elvis Gratton, Octobre et 15 février 1839 dit qu'il était présent à cette marche d'abord et avant tout pour l'obtention de la paix. «Je trouve qu'Israël exagère et que la politique de Harper est une politique sale. Je suis allé là en appui au peuple palestinien. Moi, je désire parler à tout le monde.»

Pas d'opinion simple

Pierre Falardeau suit l'actualité de près, notamment ce qui touche ce conflit. Il avoue qu'il est difficile de voir clair et de parvenir à une opinion simple: «Moi-même qui essaye de comprendre, je me laisse embarquer là-dedans en me disant que ce sont des fous furieux, des islamistes, des criminels du Hezbollah. T'en arrives à avoir honte de ça. Je trouve qu'on diabolise les arabes. Mais c'est du monde avec deux bras et deux jambes. Le Hezbollah n'est pas né de rien.»

Interrogé sur la chronique publiée par le National Post la semaine dernière, dans laquelle la journaliste Barbara Kay affirme que des leaders souverainistes québécois appuient le Hezbollah et seraient par le fait même des disciples du diable, Pierre Falardeau n'a pas mâché ses mots. «Je n'ai pas lu l'article de la folle furieuse, dit-il. J'ai lu les résumés dans les journaux sur l'antisémitisme des Québécois. C'est vraiment n'importe quoi. Ils nous ressortent Lionel Groulx. Ce qu'on connaît de l'antisémitisme de Lionel Groulx, c'est deux pages écrites sous un pseudonyme. La connasse du National Post ne fait que répéter les niaiseries que tout le monde reprend sans avoir lu Groulx.»