Les talibans ont tenté d'empêcher les habitants de Kandahar de voter à l'élection présidentielle d'hier en faisant pleuvoir les roquettes sur la ville et en piégeant ses routes avec des engins explosifs. Signe des craintes suscitées dans la population, les responsables du scrutin disent avoir observé une diminution du taux de participation par rapport à l'élection précédente.

Plus d'une quinzaine de mines artisanales ont été enfouies sous les routes de Kandahar, a rapporté le général Abdul Bashir Salihzai, commandant de l'armée afghane dans la province. Pendant que les militaires s'affairaient à désamorcer ces engins, deux groupes d'insurgés ont pris position au nord et au sud de la ville pour y faire pleuvoir des roquettes.

Pendant une partie de la journée, des explosions ont pu se faire entendre sporadiquement dans Kandahar, où Le Soleil se trouvait. «Les talibans ont multiplié les attaques pour essayer d'empêcher les gens de voter», a résumé le général.

Les roquettes lancées sur Kandahar ont fait deux morts en matinée, dont une femme qui se trouvait dans sa maison. L'obus qui l'a fauchée a également blessé ses deux enfants.

Chef de la police dans la province, le général Noorzai Mirwais a tenté de minimiser l'impact des attaques qu'ont menées les insurgés. «Les Afghans ont subi 30 ans de guerre, ils sont habitués à ça», a-t-il dit en montrant son doigt couvert d'encre bleue, preuve de sa participation à l'élection.

Il reste que la Commission électorale appréhende un taux de participation en baisse, même si aucun résultat ne devrait être disponible avant plusieurs jours. «Les gens entendent depuis des mois les talibans dire que s'ils attrapent des personnes avec un doigt bleu, ils vont les tuer. C'est pourquoi les gens sont plus réticents à venir voter. Oui, il y a moins de personnes qu'à la dernière élection», a confirmé Toryalai Ghaznavi, porte-parole de la Commission électorale indépendante d'Afghanistan dans Kandahar.

Les bureaux de vote de la ville sont restés bien peu visités durant la matinée, les électeurs ayant probablement voulu attendre de voir si les talibans passeraient de la parole aux actes en cette journée électorale. Même si quelques déflagrations se faisaient toujours entendre à l'heure du dîner, les électeurs ont profité de l'après-midi pour se rendre aux urnes en plus grand nombre, a indiqué M. Ghaznavi, rencontré non loin du palais du gouverneur.