Les enfants veulent la paix. Non pas qu'ils veulent qu'on les laisse à eux-mêmes, au contraire, ils veulent agir pour la paix. À l'école, à la maison, avec la famille, les amis. La Presse a rencontré à l'école primaire Notre-Dame-de-la-Garde de Verdun, une quinzaine d'élèves médiateurs qui résolvent des conflits dans les couloirs et dans la cour d'école. Ils ont adhéré au programme Vers le pacifique qu'on retrouve dans plusieurs établissements ici et à l'étranger.

Q: Expliquez-nous ce que vous faites comme médiateur.

R: Gabrielle, 4e année: On essaie de régler les conflits pacifiquement pour répandre la paix dans l'école.

R: Ariane, 5e année: On est là pour empêcher que les choses dégénèrent bien souvent.

Q: Comment fonctionne le programme?

R: Melissa, 5e année: Au début, s'il y a de la colère ou du ressentiment, on essaie de calmer les élèves.

R: Karianne, 5e année: On leur explique les règles pour une bonne médiation. Après, on parle du conflit, un à la fois, mais au «je». Ça veut dire parler de nous. On cherche les solutions et on en trouve.

R: Vanessa, 6e année: À la fin, on remplit des statistiques. Ce sont parfois les mêmes élèves qui se chicanent.

Q: Pourquoi prendre part à ce programme?

R: Aya, 5e année: C'est en voyant les autres médiateurs agir que j'ai eu le goût d'embarquer. Ça me tente d'aider les autres.

R: Sara, 4e année: Je trouvais ça important de régler les problèmes pacifiquement. Quand j'ai des problèmes avec des personnes, je sais quoi faire maintenant.

R: Jessyka, 5e année: J'aime rendre service. Depuis que les médiateurs sont arrivés à l'école, il y a moins de conflits.

R: Ariane: Je suis arrivée à l'école cette année, ça m'a aidée à connaître les gens. Je me suis fait des amies.

Q: Est-ce que ça vous aide aussi à l'extérieur de l'école?

R: Sara: J'avais souvent des chicanes avec mon frère. Maintenant je sais comment les régler sans l'aide de nos parents. Quand on sera des adultes, il va falloir régler nos conflits tout seuls.

R: Mathieu, 5e année: Depuis que je suis médiateur, j'ai moins de conflits avec ma soeur. Au lieu de se gueuler après, on se parle de notre colère et on se parle plus qu'avant.

R: Melissa: Depuis que je suis médiatrice, j'ai appris à contrôler mes sentiments.

R: Coralie, 6e année: On apprend des trucs pour régler nos propres problèmes. C'est une expérience très enrichissante.

Q: Est-ce que ça aide aussi avec vos parents?

R: Claudie, 5e année: Parfois ça aide quand j'ai trop de colère. Je vais dans ma chambre et je me calme. Après, je parle avec ma mère du conflit et ça se règle.

Q: Pourquoi ce sont surtout des filles qui sont médiatrices?

R: Tomas, 4e année: Les filles sont plus pacifiques, moins violentes et vulgaires.

R: Jérémie, 6e année: La plupart des gars aiment bouger beaucoup. Ils sont impatients.

R: Maïna, 5e année: Les garçons vont cacher leur sensibilité pour faire leurs machos. Ils se cachent derrière le sexisme. Dans le fond, ils sont comme les filles.

Q: Est-ce que vous pensez que ça pourrait servir ailleurs dans la société ou les pays en guerre?

R: Claudie: Oui. Dans la rue, il y a des personnes qui se chicanent, mais souvent c'est pour pas grand-chose.

R: Aya: Il devrait y avoir des médiateurs dans tous les pays du monde.

R: Vanessa: Ça prend des gens qui ne sont ni d'un pays ni de l'autre.

Q: Étiez-vous conscients des conflits dans le monde avant de faire partie du programme?

R: Arianne, 6e année: Je le suis un peu plus. J'aime régler les conflits et savoir ce qui se passe dans le monde.

Q: Est-ce que ça vous inspire pour votre vie future?

R: Trinity, 4eannée: J'aimerais être professeure, c'est comme être médiatrice en plus vieille.

R: Arianne: Vétérinaire ou actrice pour envoyer un message aux gens en faisant des films de paix.

R: Coralie: Avocate dans le domaine familial pour savoir pourquoi ils en sont rendus là.

R: Maïna: J'aimerais aller en Afrique comme Roméo Dallaire pour travailler à enlever les enfants soldats. Moi je dis que tout enfant a droit de vivre une enfance normale. Ils vous droguent et vous envoient à la guerre, c'est se faire voler sa vie d'enfant, c'est injuste.

JEUNES MÉDIATEURS

Le Centre Mariebourg, un organisme communautaire de Montréal-Nord, a fondé en 1998 le programme Vers le pacifique en collaboration avec des écoles. Ce projet promeut l'utilisation des conduites pacifiques et l'emploi de la médiation comme méthode de résolution des conflits. Psycho-éducatrice à l'école Notre-Dame-de-la-Garde de Verdun, Nathalie Sainte-Marie, explique que le programme forme des médiateurs parmi les élèves des quatrième, cinquième et sixième années du primaire. «Il y a tout un processus de sélection qui se fait d'abord avec les pairs en classe, dit-elle. Les enfants passent ensuite une entrevue avant la sélection finale. Il y a toujours entre 18 et 21 médiateurs à l'école.» Ils partagent tous le désir d'aider, de s'impliquer, en plus d'une sensibilité certaine face aux conflits. «Leur aide est très précieuse, ajoute Mme Sainte-Marie. La violence a diminué depuis la mise en place du programme. Les enfants nous en parlent et les adultes s'en rendent compte.»