Cinq jours après leur disparition près de Niamey, les diplomates canadiens Robert Fowler et Louis Guay semblent s'être volatilisés, alors que les contradictions et les zones d'ombres se multiplient.

Robert Fowler, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Niger, et son assistant Louis Guay, sont portés manquants depuis dimanche soir.Leur voiture, marquée du signe reconnaissable du PNUD (programme des Nations unies pour le développement), a été retrouvée lundi à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale, une zone généralement sûre.

Depuis, les enquêteurs n'ont aucune piste malgré les recherches. Les deux hommes et leur chauffeur nigérien ont disparu. Et depuis quelques jours, la radio et la télévision d'État n'évoquent pratiquement plus cette affaire.

Depuis l'annonce de leur disparition par le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement Mohamed ben Omar, le mystère ne fait que s'épaissir. À commencer par la nature du séjour de M. Fowler: mission officielle ou visite privée ?

En annonçant la disparition, M. ben Omar avait indiqué que M. Fowler n'était pas en mission officielle et était arrivé le 11 décembre après avoir sollicité une invitation des autorités pour assister aux festivités du cinquantenaire de la république du Niger à Tillabéri, à l'ouest de Niamey. C'est dans cette région que les deux diplomates ont disparu.

Or vendredi, l'ONU a affirmé le contraire. «M. Fowler est arrivé dans le cadre d'une mission officielle de l'ONU. (Il) est l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Niger et à ce titre chargé de s'occuper de tous les problèmes humanitaires et de régler le conflit avec la rébellion» touareg, a déclaré à l'AFP Modibo Traoré, le chef du bureau de Coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) au Niger.

Depuis 2007, les autorités sont confrontées à un groupe rebelle touareg dans le nord, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), en pleine zone d'extraction de l'uranium.

M. Traoré est allé jusqu'à préciser qu'au lendemain de son arrivée, M. Fowler s'était entretenu avec les ministres de l'Intérieur, Albadé Abouba, et de la Justice, Dagra Mamadou.

Officiellement, Niamey n'a jamais sollicité la médiation de l'ONU avec les rebelles, dont les chefs sont qualifiés de «bandits armés et de trafiquants de drogue».

C'est apparemment au retour d'une excursion dans une mine d'or exploitée à Samira par la société canadienne Samefo, que les deux hommes ont disparu. «Oui ils sont bien venus ici», a confirmé vendredi à l'AFP le responsable canadien de la mine.

Selon M. ben Omar, les diplomates n'avaient pas demandé d'autorisation pour ce déplacement et il avait dit «regretter que M. Fowler n'ait prévenu ni les autorités ni la représentation locale des Nations unies» avant de partir.

Sur ce point, les deux versions concordent. «On n'était pas au courant du déplacement pour la mine d'or de Samira», a déclaré M. Traoré.

Autre zone d'ombre : le lieu de la disparition. Un responsable nigérien a d'abord indiqué que la voiture avait été retrouvée près de l'embarcadère où les diplomates avaient pris le bac pour aller sur l'autre rive du fleuve Niger où est située la mine.

Mais selon des témoins interrogés par l'AFP, le véhicule a été découvert sur une route, moteur et clignotant allumés, portières ouvertes.

La confusion a également été alimentée le 16 décembre par une revendication sur le site Internet d'un groupe rebelle touareg, le Front des forces de redressement (FFR), revendication rapidement démentie par le propre chef du mouvement.

Dans cette situation, le principal quotidien d'opposition Le Républicain estimait jeudi que Robert Fowler, «promoteur de la paix et de la sécurité qui a reçu mandat d'aider les différents acteurs du conflit (...) ne peut gêner que ceux qui ne veulent pas du retour de la paix au Niger».