Vincent Raphaël Duval, ce Belge de 31 ans incarcéré pour être venu retrouver une adolescente de 13 ans qu'il a connue sur l'internet, affirme avoir agi par amour, et non par attrait pour les mineures. «Je l'aime, je ne suis pas à la recherche de petites filles», a fait valoir Duval, hier, alors qu'il témoignait dans le cadre des plaidoiries sur la peine à lui imposer.

Informaticien de profession, et troisième d'une famille de quatre enfants, Duval affirme avoir toujours eu des petites amies majeures. La dernière avait 40 ans, précise-t-il. Dans le cas qui nous occupe, il a cru pendant des mois avoir affaire à une femme de 26 ans. Il raconte avoir connu la jeune fille par l'entremise du jeu Danse Online. Selon ses explications, il s'agit d'un jeu virtuel accessible en principe aux 18 ans et plus, où l'on peut danser, acheter des vêtements, tisser des relations sociales, se marier... C'est ainsi que, quelque part en 2007, Duval dansait virtuellement dans une chambre avec des amis, quand «Monika» est entrée et les a insultés. Duval, qui signe «The Century» sur l'internet, a mis Monika dehors, en lui disant qu'il fallait respecter les gens. Monika lui a envoyé un courriel pour dire qu'elle ne savait pas ce qu'était le respect. Duval lui a répondu. Ils se sont mis à communiquer de plus en plus souvent.

Monika prétendait avoir 26 ans et résider dans le Maine. Puis, en janvier 2008, elle lui a appris qu'elle quittait le Maine pour aller résider à Montréal où elle ferait du «baby-sitting». Il soutient qu'elle lui a fait parler à tour de rôle aux élèves de sa classe, pour lui montrer que c'était bien vrai.

L'aveu

Vers la fin février, après d'innombrables communications internet et de multiples téléphones, Monika avouait n'avoir que 13 ans. Pourquoi n'a-t-il pas abandonné la relation alors ? «Le coeur, vous ne l'étiquetez pas comme ça, et voilà vous le jetez à la poubelle», a-t-il dit, hier. De toute façon, il était prêt à attendre cinq ans, assure-t-il.

«Elle m'a proposé deux chemins : celui du oui et celui du non. Elle a mis un compte à rebours de cinq ans sur le site», a-t-il expliqué, hier. Mais le sablier n'allait pas assez vite.

D'après Duval, la jeune fille racontait ses problèmes à la maison et le pressait, car elle voulait se retrouver avec lui. Ils ont alors commencé à chercher des «moyens légaux» pour être ensemble. Ils ont considéré l'Espagne, puis ont jeté leur dévolu sur les amish. Comme la jeune fille avait accumulé des notes de téléphone faramineuses, elle était interdite de téléphone. Qu'à cela ne tienne, ils se parlaient maintenant à l'ordinateur, au moyen de micros. Leurs conversations étaient quotidiennes et pouvaient durer d'une à deux heures, a fait valoir Duval. Il raconte que la jeune fille a même pu s'entretenir avec ses parents à lui. Ces derniers lui déconseillaient cependant de partir au Canada pour retrouver la jeune fille.

Tout quitter

Rien n'y fit. À la mi-juin, il a quitté boulot, appartement et famille, pour venir retrouver la jeune fille. Il est allé la cueillir à la sortie de l'école, puis l'a amenée dans un hôtel du centre-ville. C'est là qu'ils ont été arrêtés, la nuit même. Tous deux étaient sur le point de quitter le Québec dans le but d'aller vivre chez les amish, afin de vivre leur amour librement.

Il y a quelques jours, l'homme a plaidé coupable à tous les chefs d'accusation portés contre lui, notamment contacts sexuels et leurre d'enfant...

La procureure de la Couronne Nathalie Fafard demande cinq ans de pénitencier, tandis que Me Jeffrey Boro, en défense, suggère de 12 à 18 mois. C'est la première fois qu'un tel genre de cause est soumis à un tribunal canadien, si bien qu'il n'existe aucune jurisprudence en la matière.

Le juge Jean-Pierre Bonin rendra sa décision le 24 juillet prochain. Hier, on lui a remis 6000 pages de communications internet entre l'accusé et la victime. Il n'y aurait apparemment rien de sexuel dans ces communications, ce qui est très différent des leurres d'enfants habituels. En fait, au départ, c'est Duval qui aurait été leurré.