Exception faite de la faillite de l'unique restaurant du village, rien n'a changé au petit village d'Hérouxville, qui s'était rendu célèbre en interdisant, dans un «code de vie», le port du voile et la lapidation, en pleine crise des accommodements.

À l'épicerie, la caissière continue de défendre le code de vie: «Mon amie vit en Arabie Saoudite et elle doit mettre le voile. Les immigrés n'ont qu'à s'adapter eux aussi», dit-elle avec une passion qui nous ramène deux ans en arrière.

Même chose pour le conseiller municipal André Drouin, auteur du fameux code de vie, qui déplore que le sujet soit disparu du débat public. «Le problème, c'est qu'on ne parle plus des accommodements alors qu'il n'y a rien de réglé!» martèle-t-il.

Les politiciens, eux, ne se plaignent pas de ce silence, au contraire. Le petit village de la Mauricie fait partie de la circonscription de Laviolette. La Presse a voulu demander au candidat adéquiste Éric Tapps si ses électeurs sont toujours préoccupés par les accommodements religieux. Il a refusé de nous parler, sous prétexte qu'il ne répond qu'aux médias locaux. La ministre Julie Boulet, députée de Laviolette, a elle aussi éludé nos demandes d'entrevue.

Nos questions ont été acheminées à la ministre de l'Immigration, Yolande James,

selon qui «les gens sont toujours préoccupés par la question des accommodements» mais ont été rassurés par les mesures adoptées dans la foulée de la commission Bouchard-Taylor.

«Je crois que nous sommes en train de trouver un équilibre», assure-t-elle.

Les braises des accommodements ont beau avoir tiédi, les politiciens ont toujours un peu peur de s'y brûler...