Le groupe minier anglo-australien BHP Billiton a annoncé mardi qu'il renonçait à son offre d'achat de son compatriote et concurrent Rio Tinto, qui aurait donné naissance à un géant mondial du secteur, dans un contexte de détérioration du climat économique et de baisse des cours des matières premières.

La récente baisse des cours des matières premières a modifié le niveau des «risques» de l'opération, a indiqué le directeur général de BHP, Marius Kloppers.

BHP Billiton avait revu son offre à la hausse, proposant 3,4 de ses propres actions par action Rio Tinto, ce qui valorisait sa cible à environ une centaine de milliards de dollars américains, une offre que Rio Tinto considérait comme hostile.

BHP a précisé que l'offre n'était plus dans l'intérêt de ses investisseurs, «accroissant les risques pour les actionnaires à un niveau inacceptable».

Si BHP affirme avoir des inquiétudes face à la «détérioration des conditions économiques à court terme», son PDG Don Argus reste persuadé de la logique à long terme d'une telle fusion.

«Nous n'avons pas modifié notre position sur la logique industrielle de l'opération ou sur les perspectives d'une demande accrue venant des pays émergents», a souligné M. Argus.

Rio Tinto, qui avait rejeté l'offre depuis le début, a pris acte de cette décision dans un bref communiqué, en assurant à ses actionnaires que tout en restant indépendant, il leur offrait un «potentiel de croissance important».

L'offre inquiétait beaucoup le secteur de la sidérurgie européen, qui avait demandé aux autorités de l'interdire. La fédération européenne Eurofer avait fait valoir à plusieurs reprises que Rio Tinto et BHP Billiton allaient cumuler presque 40% du marché mondial du transport de minerai de fer par voie maritime.

Les groupes sont numéro deux et trois mondiaux dans le minerai de fer, derrière le brésilien Companhia Vale do Rio Doce (CVRD).

Les autorités australiennes et américaines avaient déjà donné leur accord à la fusion.

La Commission européenne avait de son côté fait part de ses «inquiétudes» en termes de concurrence pour les marchés du minerai de fer, du charbon, de l'uranium, de l'aluminium et des sables minéraux.

Les groupes miniers sont confrontés depuis l'été à une baisse des cours des matières premières alors que la demande baisse dans un contexte de ralentissement économique mondial.

Les métaux de base sont ainsi victimes des craintes de chute de la demande, alimentées par les graves difficultés du secteur automobile et par le ralentissement de la demande chinoise en minerai de fer.

Les producteurs doivent donc s'adapter. En début de mois, Rio Tinto a annoncé qu'il allait réduire ses livraisons de minerai de fer australien, dont la production sur l'année entière sera inférieure de 10% à son objectif.

BHP a annoncé de son côté une réduction de 50% de sa production de minerai de fer sur le site brésilien de Samarco, dont il détient 50%.

Le géant minier brésilien Vale a également annoncé au début du mois une réduction de sa production dans cinq pays.

Pourtant, BHP va investir 4,8 milliards de dollars pour accroître sa production. «Même s'il existe une incertitude sur les perspectives à court terme, BHP montre à travers cet investissement qu'il croit en des perspectives positives», a expliqué Marcus Randolph, directeur de la division fer de BHP.

 

// À lire demain dans votre Quotidien: les réactions régionales à la suite de cette annonce.