Un vent d'«obamanie» souffle sur la Guinée, petit pays d'Afrique de l'Ouest.

Tout le monde est sous le charme: du ministre des Communications au retraité, en passant par le commerçant qui vend des chandails à l'effigie d'Obama dans un village perdu aux confins du pays.

L'Association des jeunes indépendants de Guinée a même créé un comité de soutien à Obama. L'«obamanie» frappe les écoles, les collèges, les universités.

 

«C'est l'homme du XXIe siècle, affirme le secrétaire général du comité, Kaba Barry. Obama est un grand monsieur que nous aimons.»

Pour les Guinéens, Obama est avant tout un Africain qui a des chances d'être élu président des États-Unis. Une telle ascension fascine. Même le ministre de l'Information, Tibou Kamara, n'en revient pas.

«C'est formidable pour l'Afrique, lance le ministre. Je suis assez naïf pour croire que l'élection d'un président d'origine africaine à la tête des États-Unis pourra nous avantager.»

Si Obama a la cote, les États-Unis dans leur ensemble ne sont toutefois pas très populaires en terre africaine. Leurs guerres contre l'Irak et l'Afghanistan heurtent les Guinéens.

«Ils se battent contre des pays musulmans qui sont nos frères», explique le ministre Kamara.

Plus de 85% des Guinéens sont musulmans. Ils admirent ben Laden, le «héros de la résistance anti-américaine», précise Tibou Kamara. Et ils méprisent George Bush, qui a «écrasé l'Irak» pour mettre la main sur Saddam Hussein.

Aussi est-ce d'Obama que Moussa Camara et son fils Raziz discutent à la lueur d'une chandelle. L'électricité a encore été coupée. Assis dans des chaises défoncées sous le ciel étoilé de Conakry, ils parlent de cet Africain qui dirigera peut-être le pays le plus puissant au monde.

«On serait content qu'un Noir devienne président des États-Unis. Nous nous rallions derrière la couleur», dit le père, Moussa.

Cette ferveur s'est même rendue dans le petit village de Sangarédi, à 350km au nord de Conakry. Dans son échoppe, Barry Mamadou vend des chandails à l'effigie d'Obama et de Martin Luther King entre des télévisions, du tissu et des calculatrices.

«J'en ai vendu 20 en quatre jours, dit-il. Vous en voulez un? 35 000 francs... à discuter.»