Les radars photo feront partie du décor montréalais d'ici à la fin novembre. Le gouvernement du Québec compte annoncer le démarrage du projet-pilote dans les prochains jours, a confirmé à La Presse le cabinet de la ministre des Transports. L'annonce sera faite avec le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, a-t-on aussi révélé à Québec.

Dans la région métropolitaine, trois radars photo devraient être installés, dont un rue Notre-Dame, où la vitesse excessive et les passages aux feux rouges sont particulièrement fréquents. Le gouvernement n'a pas dévoilé l'emplacement des deux autres, mais, selon ce qu'a appris La Presse, on viserait l'entrée de l'une des autoroutes qui traversent Montréal, où ont souvent lieu des courses folles durant la nuit.

 

Comme lorsqu'on a interdit l'utilisation du cellulaire au volant, les automobilistes fautifs bénéficieront d'une période de grâce de trois mois, durant laquelle ils recevront un simple avis. Comme l'objectif du gouvernement n'est pas d'installer des «trappes à contraventions», le ministère des Transports signalera la présence des radars photo à 1000 mètres des lieux choisis.

Le responsable de la sécurité publique de la Ville de Montréal, Claude Dauphin, a fait savoir hier qu'un comité est en train d'analyser l'entente finale avec le gouvernement du Québec. Afin d'assurer un suivi serré, la Ville a mis sur pied un bureau de la sécurité routière.

Au total, le gouvernement a l'intention d'implanter neuf radars photo (dont trois mobiles) et six caméras aux feux rouges à 15 endroits à risque (dits «accidentogènes») du Québec, pour un essai de 18 mois. Les deux autres régions visées sont la Montérégie et Chaudière-Appalaches. La ministre Julie Boulet exigera un premier rapport d'évaluation après 12 mois.

Au ministère des Transports, le porte-parole Terry McKinnon a expliqué, hier, qu'un comité technique et technologique, composé d'experts de la sécurité publique, est en train d'effectuer du «prototypage» afin de valider le choix des sites, sur des territoires de compétence municipale ou provinciale. L'efficacité des radars photo, qui devront résister aux intempéries, est aussi testée.

Au début du mois d'août, le gouvernement avait lancé un appel d'offres international pour acquérir les radars photo. Le premier ministre Jean Charest a déjà dit qu'un investissement de 200 000 à 300 000$ serait nécessaire pour l'aménagement de chaque site, pour un total de quelque 4,5 millions.

Souriez!

Quant à la technologie choisie, des radars photographiques installés dans d'autres pays, dont la France, ont déjà démontré l'efficacité de la technologie automatique Doppler (une mesure de la fréquence de l'écho qui donne la vitesse du véhicule), avec une portée de 50 mètres. Dans tous les cas, le principe consiste à photographier la plaque d'immatriculation d'un automobiliste qui dépasse la vitesse permise ou qui brûle un feu rouge.

«Le ministère de la Justice va gérer l'envoi des photos aux contrevenants avec les détails de la contravention, explique M. McKinnon, du ministère des Transports. Afin de respecter la vie privée des gens, les vitres et les véhicules seront masqués. Si le propriétaire n'était pas à bord du véhicule lors de l'infraction, il aura 30 jours pour aviser le Ministère de l'identité de l'occupant, qui recevra ensuite la photo.»

À la fin de la période d'essai, le gouvernement espère par ailleurs être en mesure de régler le problème typiquement québécois des plaques d'immatriculation masquées par la neige. «C'est une violation au Code de la sécurité routière de rouler avec une plaque illisible, a rappelé M. McKinnon. On espère tout de même que les automobilistes seront de bonne foi et qu'ils n'arrêteront pas avant de passer dans les zones des radars photo pour masquer leur plaque», a-t-il ajouté avec une pointe d'ironie dans la voix.

 

Le radar photo en France

Introduit en France en 2002, le radar photo a eu des effets marqués sur le bilan routier. Selon les zones, la vitesse a diminué de 3à 8km/h entre 2002 et 2004. Le nombre d'accidents avec blessés a baissé de 21,6% et les accidents mortels, de 30,6%.

À Montréal, 162 950 contraventions ont été remises pour excès de vitesse en 2007, une hausse de 20 000 par rapport à 2006. La hausse serait attribuable à l'affectation de 133 policiers supplémentaires au contrôle routier et à 10 000 opérations de surveillance en 2007.

Source: Table québécoise de la sécurité routière et SPVM