Plus besoin d'avoir une maison en banlieue, un chien et d'être au sommet de l'échelle salariale avant de songer à procréer. Quatre-vingt-seize pour cent des 18-30 ans veulent avoir des enfants, révèle notre sondage sur les jeunes Québécois. Et ils les veulent tôt dans leur vie. Pas surprenant que l'indice de fécondité soit en hausse.

«On assiste à un retour des valeurs familiales», explique Raynald Harvey, président de Segma-Unimarketing, la firme qui a mené le sondage pour le compte de La Presse.

 

«Le désir d'avoir des enfants est une valeur très forte dans tous les sous-groupes, poursuit-il. Les francophones, les anglophones, les allophones, les plus jeunes, les plus vieux, les jeunes de la ville ou en région, tout le monde en veut. Ce qui est paradoxal, c'est que les 18-30 ans sont les enfants du divorce. Je ne peux associer ça qu'au fait qu'il y a une certaine rébellion par rapport à ce qu'ils ont vécu.»

Sophie Bellefeuille et David Pacciolla ont 28 ans. Ils sont les heureux parents de la petite Léa, 2 ans. Ils vivent en appartement à Montréal. David travaille comme ingénieur et Sophie termine ses études au cégep en soins infirmiers.

«Lorsque Sophie est tombée enceinte, j'étais en train de terminer mon bac. S'il avait fallu attendre d'avoir 100 000$ comptant pour une maison et une voiture de l'année, je pense qu'on n'aurait pas eu Léa avant 10 ans», affirme David.

«L'avantage d'avoir un enfant quand tu es jeune, c'est que tu as un grand réseau d'amis qui a encore de l'énergie et qui n'est pas trop occupé dans son travail pour te donner un coup de main, dit Sophie. En même temps, j'ai l'impression que je comprends mieux ma fille parce que ça ne fait pas si longtemps que j'ai été enfant.»

Bébé boom

Les jeunes Québécois veulent en moyenne 2,4 enfants. Cinquante-sept pour cent d'entre eux désirent un ou deux bambins, 26% au moins trois et 12% de quatre à cinq.

Dans notre sondage, 20% des répondants en ont déjà entre un et quatre. Cette statistique contribue sans doute à expliquer pourquoi l'indice de fécondité a bondi de 1,4 enfant par femme en âge de procréer en 2001, à 1,65 en 2007.

Nicolas Demers, un ingénieur de 28 ans, vient de joindre les rangs des pères. Il considère que la famille est une valeur qui supplante la carrière.

«Ma première valeur, c'est d'avoir du plaisir, pas de gravir les échelons sociaux. Je pense que les baby-boomers ont été un peu trop carriéristes et ont attendu trop longtemps avant d'avoir des enfants.»

Isabelle, 27 ans, n'a pas d'enfants et n'en veut pas. «J'ai toujours su que je n'avais pas l'instinct maternel, dit-elle. Mais je me sens bien seule dans mon entourage. Il y a juste mes amis gais qui pensent comme moi.»

 

Pour vous, fonder une famille, c'est-à-dire vivre en couple et avoir possiblement des enfants, c'est... ?

Très important 67,1%

Assez important 25,4%

Total important 92,5%

Peu important 6,3 %

Pas du tout important 1,0%

Total peu important 7,3%

NSP / NRP 0,2 %

Combien d'enfants souhaiteriez-vous avoir au cours de votre vie?

1 5,3%

2 51,8%

3 25,6%

4 8,3%

5 " 3,6%

Aucun 3,9%

NSP/NRP 1,5%

MOYENNE 2,4%

MÉTHODOLOGIE : Ce sondage a été réalisé du 5 au 19 août 2008 par Segma pour le compte de La Presse et des six autres quotidiens du Groupe Gesca, auprès de 608 Québécois de 18 à 30 ans. Sa marge d'erreur est de 4 points de pourcentage, 19 fois sur 20, davantage pour les sous-groupes.