Amis de plaisir, amis avec bénéfices, «amicâlins» ou «ami-plus». Les appellations diffèrent, mais le phénomène des «fuckfriends» est toujours à la mode chez les jeunes de 18 à 30 ans.

La complexité des relations de couple en amène plusieurs à vouloir combler leurs besoins physiques, sans pour autant s'investir. Ils sont motivés par la simplicité et le désir de conserver leur liberté, avec un minimum de sécurité. Nouvellement trentenaire, Annabelle (nom fictif) fait partie de ce groupe.

«Les gens ne veulent pas faire de compromis, ils veulent une relation moins stressante et rapido-presto. Un peu à l'image de notre société. Et ce type de relation est purement charnel.»

Des propos qui trouvent écho un peu partout, lorsqu'on aborde ce phénomène avec la classe des 18 à 30 ans. «Je crois que les gens veulent rester plus jeunes plus longtemps. Ils veulent le bénéfice sans rien sacrifier», estime Marc, 23 ans.

Ce «trip» amical, ces jeunes le vivent dans la clandestinité. Le tabou entourant ce phénomène n'est pas encore dissipé.

«C'est une relation strictement platonique. Tu perds la valeur de l'intimité pour combler un besoin rapide. Ce qui est le fun par contre, c'est que tu peux choisir le type de personnes qui t'intéresse vraiment, sans penser à devoir présenter ton partenaire à tes parents ou à tes amis», poursuit Annabelle.

Ce qui a changé, avec les années, c'est l'ouverture d'esprit par rapport à la sexualité. «Les normes sociales ne sont plus ce qu'elles étaient. Surtout que la place de la religion a changé. Ce n'est plus mal vu d'avoir une relation sexuelle avec quelqu'un sans être attachéà cette personne «, explique Marc.

Peur de l'engagement?

Pour certains, ce sont les mauvaises expériences amoureuses qui ont mis un frein à leur désir de s'attacher. De peur de souffrir à nouveau.

C'est le cas d'Étienne, 28 ans, qui vient de mettre un terme à sa relation. «Avec un fuckfriend, pour un p'tit bout de temps, c'est le meilleur des deux mondes. Tu ne souffres pas et t'as du bon sexe. Mais ça s'arrête là».

Pour d'autres, c'est la peur de l'engagement qui les pousse à «s'investir» au minimum avec des amis «à avantages sociaux».

Des raisons qui n'étonnent pas Lise Boudreault, psychologue spécialisée en relations de couple depuis près de 20 ans. «Il y a tellement peu de jeunes dont les parents sont encore ensemble. Comment peuvent-ils ne pas avoir un doute?»

Selon elle, avec le taux de divorce à la hausse, il est normal que les jeunes s'interrogent. «La génération qui les a précédés s'est engagée souvent, sans que ça ne fonctionne».

Ces relations, purement physiques, ne servent donc qu'à combler des besoins éphémères. «Le vice caché, c'est qu'il n'y a pas d'amour. Tout est beau, mais ça ne dure jamais. Un des deux finit toujours par s'éprendre de son partenaire. Les sentiments entrent en jeu. Et c'est le rejet», ajoute Étienne.

Récemment, l'essor des sites de rencontre sur l'internet a changé la donne. La multiplication des Réseau contact et des OutaouaisWeb a ouvert de nouvelles portes. Si certains de ces sites misent sur l'idylle amoureuse, d'autres misent carrément sur le sexe. C'est le cas d'Adult Friend Finder. Un répertoire de «fuckfriends» aux quatre coins du monde.

Même si personne n'a la même opinion du phénomène, tous s'entendent sur un point. Ce type de relation est temporaire. Selon Mme Boudreault, on ne peut en faire un mode de vie. Des valeurs traditionnelles comme la famille finissent toujours par nous rattraper. «Personne ne rêve à ce genre de relation!»