Des insultes, des appels au 911 et un parcours interrompu sans préavis: le trajet de l'autobus 73 à Laval, mercredi soir, a été tout sauf banal. Le chauffeur a décidé de détourner son propre autobus, qui transportait une quinzaine de passagers. La Société de transport de Laval promet déjà des changements pour éviter la répétition de cet incident «inacceptable».

Il était 16h, mercredi, quand l'autobus 73 a fait comme d'habitude le plein de passagers à la station de métro Cartier, à Laval. Les 45 premières minutes se sont passées sans souci, jusqu'à ce que l'autobus emprunte une déviation forcée par la fermeture du viaduc Sainte-Rose, interdit aux poids lourds depuis le début du mois de juin. Sur un peu plus d'un kilomètre, aucun arrêt n'est permis. Une passagère s'en est plainte et a demandé à descendre. Le chauffeur a refusé, comme l'exige une directive de la STL. Une altercation entre le chauffeur et la passagère a éclaté. Selon le syndicat des chauffeurs, plusieurs mécontents ont invectivé le chauffeur, tapé dans les fenêtres et sur le dossier des sièges. La version de la partie patronale diffère quelque peu, mais le résultat est le même: excédé, le chauffeur a pris le chemin des garages de la STL sans terminer son circuit. Les passagers se sont retrouvés dans le quartier industriel, à une quinzaine de kilomètres de leur destination.

 

Plusieurs passagers, inquiets de la réaction du chauffeur, ont appelé le 911, si bien que des policiers attendaient l'autobus à son arrivée. Aucune plainte ni aucune accusation n'ont toutefois été portées contre le chauffeur, bien que l'enquête se poursuive.

Les passagers qui le désiraient ont été reconduits à la maison en voiture, affirme la STL.

Le chauffeur d'autobus, au service de la Société depuis 30 ans, a un dossier «sans tache», selon la STL. Il a vu un médecin dans les heures qui ont suivi sa mésaventure et est en congé maladie pour plusieurs jours.

La STL annonce des mesures

La STL a ouvert une enquête, mais elle a déjà annoncé hier qu'elle reverra sa stratégie de communications avec ses clients pour qu'ils soient mieux informés des tracas causés par la réfection du viaduc Sainte-Rose.

Hier encore, le seul moyen de connaître les changements au trajet était de consulter le site internet de la STL ou d'appeler le service à la clientèle. Aucun message n'avait été placardé aux arrêts situés le long du parcours, pas plus qu'à la station de métro Cartier, principal point d'embarquement des passagers.

«Le changement était en place depuis longtemps, mais il est possible que, avec la rentrée au travail après les vacances, certains usagers aient été surpris», a reconnu Marie-Céline Bourgault, porte-parole de la STL.

Autre changement: trois arrêts seront autorisés dès mardi matin sur la portion de la route détournée.

Le syndicat des chauffeurs d'autobus se réjouit de ces changements, lui qui reproche à la STL d'avoir créé de toutes pièces l'incident en informant mal ses passagers et ses employés.

La STL avait été prévenue depuis plusieurs jours déjà des problèmes du circuit 73. Le chauffeur en question a même rencontré la semaine dernière un responsable de la STL pour lui en faire part et éclaircir la marche à suivre. Or, alors que ce responsable avait réitéré l'interdiction de faire descendre des passagers, un superviseur consulté mercredi lui aurait affirmé l'inverse, l'autorisant exceptionnellement à laisser partir la passagère. «C'est ça qui l'a mis hors de lui. Qu'on lui dise une chose et son contraire», a relevé hier le président du syndicat, Richard Ouimet.

La STL n'a pas fermé la porte, hier, à offrir un dédommagement aux passagers. «On ne l'exclut pas d'emblée», a confirmé Mme Bourgault.