Contrairement à ce qu'affirme le premier ministre Stephen Harper, le problème du déséquilibre fiscal n'est pas réglé, selon Québec.

La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a remis les pendules à l'heure québécoise, mercredi, en rappelant au gouvernement fédéral que celui du Québec estime toujours, malgré les progrès accomplis, qu'il subsiste un déséquilibre financier entre Ottawa et Québec.

«Le déséquilibre fiscal, quant à nous, n'est pas réglé encore», a tranché la ministre, en point de presse, avant de participer à la réunion hebdomadaire du conseil des ministres.

Depuis des années, Québec estime qu'Ottawa lui doit un montant annuel de 800 millions $ pour le financement de l'éducation post-secondaire.

En fait, le Québec demande au gouvernement fédéral qu'il rétablisse les paiements de transfert aux provinces, au niveau où ils étaient en 1994-1995, ce qui se traduirait par une facture de 3,5 milliards $, dont quelque 800 millions $ pour les étudiants québécois.

Malgré cela, le premier ministre Harper inscrit au tableau de ses réalisations le règlement du déséquilibre fiscal entre Ottawa et le Québec.

«Le déséquilibre fiscal a été grandement amélioré», a reconnu la ministre, avant d'ajouter: «Est-ce que c'est terminé? Non. Parce que l'éducation post-secondaire, ce n'est pas réglé. Ce n'est pas réglé pour le Québec et ce n'est pas réglé pour toutes les provinces.»

Les positions affichées par le premier ministre Harper, certains de ses ministres, députés ou candidats, durant la présente campagne électorale, semblent d'ailleurs agacer de plus en plus les membres du gouvernement de Jean Charest.

La ministre Jérôme-Forget n'a par ailleurs pas du tout apprécié les commentaires de la ministre fédérale du Patrimoine, Josée Verner, qui a semblé dire que le Québec avait les moyens de mieux soutenir financièrement ses artistes.

«Nous, contrairement au fédéral, on ne finit pas l'année avec des surplus», a-t-elle déclaré, en disant ne pas comprendre la position de Mme Verner, et surtout en s'interrogeant sur sa connaissance du dossier.

«Peut-être qu'elle n'est pas parfaitement au courant de la situation financière des provinces, en particulier du Québec», a laissé tomber Mme Jérôme-Forget.

Elle a aussi tenu à rappeler à ses collègues du fédéral que le Québec devait financer des secteurs «plus exigeants» - santé et éducation, notamment - en termes de ressources que ceux relevant des compétences fédérales.

D'autres ministres ont réagi aux déclarations de la candidate conservatrice dans Québec, Myriam Taschereau, et du député conservateur Luc Harvey, qui ont affirmé que Québec pouvait très bien compenser les coupes de 45 millions $ en culture effectuées par Ottawa, de même que celles dans les programmes de soutien aux organismes de développement économique.

La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, qui a déjà dénoncé les coupes dans les programmes fédéraux, notamment ceux permettant aux artistes d'effectuer des tournées à l'étranger, en a remis.

«On a augmenté de 25 pour cent les budgets, depuis qu'on est au pouvoir. Je pense que nous autres on fait notre part et que tout le monde doit faire sa part pour les artistes», a-t-elle dit, avant de rejoindre ses collègues du conseil des ministres.

De son côté, à propos du sort réservé aux organismes de développement économique, le ministre de l'Emploi, Sam Hamad, a jugé que les commentaires des députés fédéraux étaient «malheureux».

«Les surplus sont à Ottawa et les besoins à Québec», a-t-il dit, reprenant une formule consacrée.

Plus tôt cette année, le ministre fédéral responsable du développement économique du Québec, Jean-Pierre Blackburn, a éliminé le financement aux organismes sans but lucratif (OSBL) à vocation économique, pour lui substituer une aide directe aux entreprises, ce qui avait soulevé l'ire du gouvernement québécois.