La chef du Parti vert, Elizabeth May, participera finalement aux débats des chefs qui auront lieu le 1er et 2 octobre au Centre national des arts, à Ottawa.

Mme May pourra donc expliquer pour la première fois, directement aux électeurs, les politiques de son parti durant cette importante joute oratoire qui l'opposera au premier ministre Stephen Harper, au chef du Parti libéral, Stéphane Dion, au leader du NPD, Jack Layton et au chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

La participation de Mme May a été confirmée hier après que Jack Layton et Stephen Harper eurent changé leur fusil d'épaule à ce sujet, sous la pression de nombreux Canadiens d'un bout à l'autre du pays et du chef libéral.

MM. Layton et Harper s'étaient d'abord farouchement opposés à ce que Mme May embarque dans le ring, sous prétexte qu'elle avait conclu une alliance stratégique avec Stéphane Dion l'an dernier et que son parti n'a pas encore fait élire de députés à la Chambre des communes.

Le Parti vert compte un député aux Communes, Blair Wilson, depuis deux semaines, mais il s'agit d'un député de la Colombie-Britannique qui a été expulsé du caucus libéral l'an dernier à cause de ses démêlés avec Élections Canada.

Pacte de non-agression

L'an dernier, Mme May et M. Dion ont signé un pacte de non-agression en vertu duquel le Parti libéral n'aura pas de candidat dans la circonscription de Central Nova, en Nouvelle-Écosse, afin de donner de meilleures chances à Mme May de battre le ministre de la Défense, Peter MacKay. En retour, le Parti vert s'abstiendra de présenter un candidat contre M. Dion dans Saint-Laurent-Cartierville.

Le consortium des radiodiffuseurs représentant les plus grands réseaux de télévision au Canada avait décidé d'exclure Mme May lundi à cause de l'opposition de MM. Layton et Harper. Devant leur volte-face, le consortium a confirmé en fin d'après-midi hier que Mme May sera invitée.

La principale intéressée contenait mal sa joie hier. «Ce n'est pas possible d'imaginer un débat des chefs de tous les partis sans moi», a dit Mme May, soulignant que l'un des principaux enjeux du débat sera la question des changements climatiques.

Mme May n'était pas la seule à crier victoire. Le chef libéral aussi pavoisait de voir sa compagne de route en matière d'environnement pouvoir participer au débat. Encore hier matin, Stéphane Dion dénonçait la décision de ses autres adversaires politiques de vouloir exclure la chef du Parti vert.

«C'est un bon jour pour les femmes et la démocratie canadienne», a dit M. Dion, de passage à Walkerton, en Ontario.

Le chef du NPD, Jack Layton, a été le premier à changer son fusil d'épaule. De passage dans la région d'Oshawa, M. Layton a dit ne pas vouloir continuer de débattre du débat.

«Dans la mesure où Stephen Harper est là, je me fiche bien de qui d'autre est sur la scène. Je veux débattre avec Stephen Harper», a dit le leader néo-démocrate.

Quelque temps plus tard, le directeur des communications de Stephen Harper, Kory Teneycke, a affirmé que le Parti conservateur ne s'opposerait plus à la présence d'Elizabeth May. «Nous ne boycotterons pas le débat en raison de la présence de Mme May», a-t-il dit.

Pour sa part, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a dit accepter la décision du consortium. «C'est au consortium à décider. Nous, on a toujours participé aux débats. J'aime les débats. J'y serai», a-t-il dit.

Avec Malorie Beauchemin, Hugo de Grandpré et Gilles Toupin