L'ex-sénateur conservateur Gérald Beaudoin est décédé, la nuit dernière, à l'âge de 79 ans.

M. Beaudoin était reconnu comme un éminent spécialiste en politique constitutionnelle canadienne et en droits de la personne.

Il avait d'ailleurs participé aux éditions successives de la Charte canadienne des droits et libertés, en 1982 et en 1989.

«Il ne s'en est jamais vanté, a souligné le sénateur Pierre-Claude Nolin, un proche ami du disparu. Je pense que c'est par noblesse, parce que souvent ces rédacteurs préfèrent demeurer anonymes. Mais il n'y a pas de doute que quand on lui parlait de la Charte, il s'excitait.»

Né à Montréal, le 15 avril 1929, il a fait des études en droit aux universités de Montréal, d'Ottawa et de Toronto, avant de compléter ses études de cycles supérieurs en Europe.

Il avait enseigné à la faculté de droit civil de l'Université d'Ottawa avant d'en devenir le doyen de 1969 à 1979.

De 1986 à 1989, il avait assumé la direction du Centre des droits de la personne.

Auteur d'un grand nombre d'articles et d'ouvrages de droit, dont «Le Partage des pouvoirs» (1980) et «La Constitution du Canada» (1990), Gérald Beaudoin avait siégé à la Commission sur l'unité canadienne (commission Pépin-Robarts) de 1977 à 1979.

Nommé au Sénat sous la bannière du Parti progressiste-conservateur par Brian Mulroney en 1988, il avait coprésidé le Comité mixte spécial de la Chambre des communes et du Sénat sur la formule d'amendement (rapport Beaudoin-Edwards) et le Comité mixte spécial de la Chambre des communes et du Sénat sur le renouvellement constitutionnel (rapport Beaudoin-Dobbie).

Selon le sénateur Nolin, Gérald Beaudoin n'a jamais agi en politique dans un esprit partisan.

«C'est l'exemple que j'utilise lorsque j'entends des gens me parler de l'élection des sénateurs, a-t-il dit. Jamais Gérald ne se serait présenté. Mais on a besoin de sénateurs comme Gérald.»

Le sénateur Nolin estime que la principale contribution de Gérald Beaudoin à la vie politique canadienne aura été de favoriser «la compréhension des conventions constitutionnelles».

«Il a fait apprécier aux politiciens ce que moi j'appelle le long processus de la maturation historique. Au Canada, comme nous avons un système politique d'inspiration britannique (...), les conventions prennent beaucoup de place, à un point tel qu'il y en qui ont été constitutionnalisées par les tribunaux. Gérald était capable d'expliquer aux gens ce que ça voulait dire, quel poids ça avait», a précisé le sénateur Nolin.

Le chef libéral Stéphane Dion, lui-même constitutionnaliste, a dit qu'il venait de perdre «un ami personnel».

«De tous les êtres humains que j'ai connus dans ma vie, j'en ai connu beaucoup qui aimaient le Canada, mais je n'en ai jamais rencontré aucun qui aimait autant la constitution du Canada et le débat autour de la constitution du Canada, qu'il connaissait sur le bout des doigts et qu'il adorait. Il transmettait cet amour à ses étudiants, à tout le monde. Il va nous manquer énormément», a dit M. Dion, qui réagissait depuis Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, où il faisait campagne jeudi matin.