Québec a beau compter davantage de voies réservées que Montréal, ses policiers distribuent 20 fois moins de contraventions que leurs collègues de la métropole. Pourtant, les automobilistes de la capitale sont loin d'être exemplaires, reconnaît le président du Réseau de transport de la capitale (RTC), Gilles Marcotte.

Question d'évaluer la surveillance des voies réservées, Le Soleil a demandé aux cours municipales de Québec et de Montréal de compiler tous les constats d'infraction liés au respect de ces passages prioritaires. Ainsi, du 1er janvier au 31 juillet 2008, les policiers de Québec ont remis 652 contraventions à des automobilistes pincés dans des voies réservées. Les moyens de pression dans les présentes négociations ne semblent pas avoir fait baisser la moyenne, le bilan 2007 étant à peu de choses près semblable, 1227 contraventions ayant été distribués.

À l'autre bout de l'autoroute 20 pourtant, les chiffres de Montréal ont de quoi donner le vertige: de janvier à août 2008, 13 769 constats d'infraction ont été dressés. Et ce, même si la Ville assure que ses agents n'ont pas consigne de surveiller particulièrement ces infractions, selon un porte-parole, François Goneau.

Ainsi, tous les jours, environ trois automobilistes se font pincer à circuler dans les 45 km de voies réservées aux autobus et aux taxis de Québec. À Montréal, ce sont plutôt en moyenne 57 conducteurs qui reçoivent un constat d'infraction de 144$ pour avoir empiété sur les 40 kilomètres de voies réservées que compte l'île. Une différence que la circulation plus dense de la métropole ne saurait expliquer seule, selon les gens questionnés par Le Soleil.

Il ne faut pas aller bien loin pour voir des automobilistes de la capitale empiéter sur ces passages prioritaires marqués d'un losange blanc sur la chaussée. «On voit trop souvent des gens dans les voies réservées, souvent dans les endroits les plus stratégiques, observe Christian Savard, de Vivre en ville, organisme faisant la promotion des transports en commun à Québec. Dans les endroits où il y a peu de trafic, ce n'est pas un gros problème, mais quand tu arrives au centre-ville, sur Honoré-Mercier et Laurier en particulier, ça cause des problèmes. Et c'est rare qu'on voit une voiture de police qui fait juste ça.»

Pourtant, la Ville aurait tout intérêt à cibler ces infractions, soutient M. Savard. Les constats dressés pour les voies réservées rapportent à Montréal environ 3 millions de dollars chaque année, contre à peine plus de 150 000$ à Québec. «Ça commence à faire des revenus. Je les prendrais pour les transports en commun!» ironise le responsable de Vivre en Ville.

Contraventions et sensibilisation

Reconnaissant le problème auquel font face ses chauffeurs, le président du RTC, Gilles Marcotte, croit qu'il est temps d'attaquer le problème. Sur deux fronts de préférence. «On peut améliorer notre bilan de deux façons: en éduquant les gens, mais aussi s'il y avait plus de sévérité sur les contraventions. Il faut que les gens comprennent qu'ils ne doivent pas circuler dans les voies réservées.»

Ce manque de respect envers les passages prioritaires n'est pas sans lien avec le manque de respect des automobilistes envers les cyclistes et les piétons, selon M. Marcotte. «Est-ce qu'on a été trop tolérants? Je pense qu'on devrait être plus contraignants pour la protection des piétons et des cyclistes, ainsi que le respect des voies réservées», estime le président du RTC.

Selon ce dernier, seule l'installation de cônes le long des voies réservées à l'occasion de grands événements semble pour l'instant convaincre les automobilistes de respecter les passages prioritaires. Qui sait, si les contraventions et campagnes échouent, la Ville devra peut-être se résigner à sortir ses cônes pour discipliner les automobilistes...

Plus de délinquants à Montréal

Québec

> Nombre de contraventions par jour : 3

> Nombre de kilomètres de voies réservées : 45

Montréal

> Nombre de contraventions par jour : 57

> Nombre de kilomètres de voies réservées : 40