Critiqué de toutes parts, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation soutient que son opération de destruction de fromages potentiellement contaminés à la listéria était justifiée et a permis de sauver des vies.

Le MAPAQ a fait le point sur la crise mercredi, après avoir essuyé de sévères critiques de fromagers et de détaillants qui ont questionné les mesures draconiennes appliquées la fin de semaine dernière.

Selon le porte-parole Guy Auclair, le ministère n'a pas eu le choix d'imposer la mise au rancart de nombreux fromages dans 300 points de vente en raison des risques de contamination croisée, après la découverte de deux sources de listéria à la Fromagerie Médard et aux Fromagiers de la Table ronde.

«Nous avons la certitude que les opérations que nous avons menées nous ont permis de prévenir d'autres maladies et même de sauver des vies», a affirmé M. Auclair en conférence de presse à Québec, flanqué de représentants de l'industrie et des détaillants.

Au cours de l'intervention, 33 commerces ont été inspectés et des traces de contamination ont été décelées chez 16 d'entre eux.

Le ministère attend toutefois les résultats d'analyse qui pourraient relier cette contamination aux sources identifiées dans les deux usines.

Jusqu'ici, 22 cas de listériose associés à des fromages ont été répertoriés au Québec, dont un mortel, et quatre cas actuellement à l'étude pourraient s'ajouter à la liste.

Le plus récent implique une femme enceinte de cinq mois qui a perdu son bébé après avoir contracté la maladie.

Le MAPAQ a par ailleurs signalé que parmi les 43 usines de fromage du Québec qui ont été visitées, 32 sont conformes et en opération, alors que neuf sont toujours en attente de résultats d'analyses pour déterminer si elles ont été contaminées à la listéria.

Afin de prévenir que d'autres usines infectées provoquent des rappels de fromage dans le futur, le ministère annonce qu'il mettra sur pied, à ses frais, un programme exceptionnel de dépistage dans les prochaines semaines.

M. Auclair n'a toutefois pas été en mesure de dire pendant combien de temps ces inspections seront menées, ni à quelle fréquence, précisant seulement qu'il souhaitait que l'industrie puisse prendre la relève et assumer elle-même ces tests dans un avenir rapproché.

Présent à la conférence de presse, le président de la Société des fromages du Québec, Gilles Lafontaine, a témoigné à la fois du ras-le-bol de ses membres et de leur volonté de contribuer à la résolution de la crise.

«On a hâte que tout ça s'arrête, mais on doit absolument collaborer avec les autorités en place si on veut en arriver à bout et ça, ça presse, le plus tôt possible», a-t-il résumé.

Puis, autant le président du Conseil de l'industrie laitière, Pierre Nadeau, que le porte-parole de l'Association des détaillants du Québec, Pierre-Alexandre Blouin, ont cherché à rassurer le public.

«Avec le geste drastique qu'a posé le MAPAQ, les fromages restants, tous ceux qui sont encore disponibles en magasins, sont des fromages qui ont été blanchis», a indiqué M. Nadeau, selon qui plusieurs de ses membres sont durement affectés par la crise, notamment les neuf usines dont les meules demeurent sous embargo, en attente de résultats d'analyses.

Ni les détaillants ni les producteurs de fromage n'ont dressé un bilan des pertes essuyées à la suite de l'opération du ministère, qui se garde bien d'ouvrir la porte à un quelconque dédommagement financier.

«Nous ne sommes pas rendus là», s'est contenté de dire le porte-parole Guy Auclair.

Pour sa part, le directeur de la Protection de la santé publique, le docteur Horacio Arruda, n'a pas écarté la possibilité que de nouveaux cas de listériose soient découverts dans les prochains jours, précisant que le Québec vit une «situation d'éclosion dynamique».

Toutefois, il a dit souhaiter que la découverte des deux sources de contamination dans les usines de fromage permette de freiner la progression de l'éclosion.

Du jambon pourrait être contaminé

L'Agence canadienne d'inspection des aliments avise la population que du jambon cuit vendu chez Métro-Richelieu pourrait être contaminé par la bactérie Listeria monocytogenes.

Le produit visé, le Jambon cuit extra maigre Sélection Mérite Charcuterie, est vendu en blocs de 4,5 kilos portant la date de péremption du 12 octobre 2008.

Ce produit a été offert aux consommateurs aux comptoirs de charcuterie dans les magasins Métro, Richelieu, Ami et Extra du Québec entre le 13 août et le 10 septembre courant.

L'Agence affirme qu'aucun cas de maladie lié à la consommation de ce produit n'a été rapporté.