D'emblée, le terme est péjoratif car il suscite dans notre esprit un rapprochement avec le monde mafieux, avec le monde interlope. L'image qui vient en tête est celle d'une "façade verte" mise en place pour tromper les gens alors que les opérations se déroulant dans l'ombre sont toujours aussi assassines envers l'environnement. C'est presque cela qui se produit quand les organisations utilisent sciemment les mots "développement durable" ou "protection de l'environnement" en sachant bien que rien n'est vrai dans ce qu'ils disent. Dans beaucoup de cas, c'est le contraire qui se passe mais on tient tellement à se donner une couleur verte - parce que ça se vend bien, politiquement ou monétairement - qu'on est prêt à berner sciemment les citoyens qui ne suivent pas de très près ce qui se passe en environnement.

D'emblée, le terme est péjoratif car il suscite dans notre esprit un rapprochement avec le monde mafieux, avec le monde interlope. L'image qui vient en tête est celle d'une "façade verte" mise en place pour tromper les gens alors que les opérations se déroulant dans l'ombre sont toujours aussi assassines envers l'environnement. C'est presque cela qui se produit quand les organisations utilisent sciemment les mots "développement durable" ou "protection de l'environnement" en sachant bien que rien n'est vrai dans ce qu'ils disent. Dans beaucoup de cas, c'est le contraire qui se passe mais on tient tellement à se donner une couleur verte - parce que ça se vend bien, politiquement ou monétairement - qu'on est prêt à berner sciemment les citoyens qui ne suivent pas de très près ce qui se passe en environnement.

C'est ça l'écoblanchiment : on dit vendre des "produits durables" alors qu'ils ont été fabriqués dans des pays sans aucune loi environnementale et qu'on dirige vers des pays riches partout sur la planète en la polluant. Ou on nous offre un produit "respectueux de l'environnement" alors que ses méthodes de fabrication génèrent des gaz à effet de serre ou polluent l'eau par les produits chimiques, et ce, en toute connaissance de cause des dirigeants de compagnies et des services environnementaux de nos gouvernements qui ferment les yeux. Pire encore, ces derniers prétendent promouvoir le développement durable et la protection de l'environnement alors que les efforts et les résultats sont quasi nuls d'après les analyses de leurs propres vérificateurs environnementaux indépendants. C'est tout ça l'écoblanchiment, signe d'une société malade qui ne reconnaît pas encore l'importance de ses impacts sur l'environnement.

C'est tellement vrai que la semaine passée, l'autorité britannique de régulation de la publicité a donné raison au World Wildlife Fund (WWF) voulant forcer le retrait d'une publicité télévisuelle de Shell qui se vantait de respecter l'environnement dans l'extraction du pétrole de sables bitumineux. Vous et moi savons que c'est un gros mensonge, mais Shell essayait d'écoblanchir ses procédés anti-écologiques et anti-développement durable de l'Alberta et des États-Unis. Que penser aussi des compagnies pharmaceutiques qui veulent promouvoir la vente d'hormones de croissance destinées aux vaches laitières sous prétexte que si chacune produit plus de lait, il en faudra moins pour satisfaire le marché, réduisant ainsi le nombre d'animaux qui polluent. Qui peut croire ce type de raisonnement ces jours-ci ? Et où pensez-vous que ces produits chimiques vont aller se retrouver, une fois consommés ? Autre façon d'écoblanchir des produits décriés dans le monde entier, surtout en Europe.

Le Bureau de la concurrence du Canada vient de publier un guide pour encadrer les entreprises voulant ou devant corriger leurs pratiques commerciales d'écoblanchiment, mais le Bureau n'est pas un législateur. C'est un peu comme si la société n'avait pas de policiers pour faire respecter les lois. Il faudra encore beaucoup de poursuites judiciaires, que seules les grandes organisations mondiales en environnement comme Greenpeace ou la WWF peuvent mener, pour forcer les gouvernements et les industries à corriger cette situation déplorable. Disons la vérité toute simple : le développement durable n'existe pas. C'est un concept popularisé par les auteurs du rapport Brundtland de l'ONU en 1987, alors que l'on savait déjà que la capacité de neutraliser les impacts humains sur la planète avait été dépassée depuis au moins 1984. La situation n'a fait que se dégrader depuis cette période de sorte que toute organisation se vantant maintenant de protéger l'environnement doit le démontrer noir sur blanc. C'est la seule façon crédible. Et à date, bien peu d'organisations y sont arrivées.

jbergeron@ledroit.com