Après le pot, les fleurs. La candidate du NPD dans Gatineau, Françoise Boivin, ne s'attendait pas à recevoir un courriel de remerciements et d'encouragement du chef du Parti libéral Stéphane Dion.

Après le pot, les fleurs. La candidate du NPD dans Gatineau, Françoise Boivin, ne s'attendait pas à recevoir un courriel de remerciements et d'encouragement du chef du Parti libéral Stéphane Dion.

Mais c'est exactement ce qui s'est produit dimanche matin, deux heures après le déclenchement des élections fédérales du 14 octobre.

Mme Boivin, faut-il le rappeler, a été élue députée libérale en 2004 avant de mordre la poussière aux mains du bloquiste Richard Nadeau aux élections de 2006.

Reconnue pour son franc-parler, Mme Boivin voulait se présenter à nouveau sous la bannière libérale, mais la lieutenante politique de Stéphane Dion, la sénatrice Céline Hervieux-Payette, s'y est farouchement opposée.

"Bonjour Françoise. C'est le moment que j'attendais. C'est un moment crucial pour vous et moi. C'est l'occasion de réorienter le cours de l'histoire du Canada. Un travail important nous attend, vous et moi, pour remettre ce pays sur la bonne voie. Le travail commence dès aujourd'hui", peut-on lire dans le courriel envoyé à Mme Boivin et obtenu par La Presse hier.

"La route à suivre à partir de maintenant jusqu'à une victoire lors de l'élection ne sera pas facile, mais je me sens privilégié de parcourir ce trajet avec une équipe exceptionnelle de candidats libéraux d'un bout à l'autre du pays. Ces gens sont des leaders au sein de votre communauté et, avec votre appui, deviendront des député(e) s sous la gouverne des Libéraux. [...]. En avançant ensemble, nous aurons besoin de tout le soutien que vous pourrez rallier", ajoute M. Dion dans le courriel en question.

"J'ai ri pendant deux heures"

Interrogée à ce sujet, hier, Mme Boivin n'en revenait tout simplement pas de recevoir un tel message électronique de son ancien chef compte tenu des démêlés hautement médiatisés dans la région de l'Outaouais qu'elle a eus avec le Parti libéral.

"J'ai ri pendant au moins deux heures après avoir reçu ce courriel. On en braillait dans mon bureau. C'est assez spécial. C'est probablement les seuls remerciements que je recevrai de ce parti", a lancé Mme Boivin qui n'a pu s'empêcher de s'esclaffer à nouveau.

"Je ne me doutais pas qu'ils étaient assez tatas pour envoyer cela à l'adversaire. Tout le monde le sait que je porte la bannière du NPD. Mais j'ai même encore reçu un appel pour que je donne des fonds au Parti libéral. Marc Garneau (candidat libéral dans Westmount-Ville-Marie) m'a aussi demandé d'être une étoile dans sa campagne pendant la partielle", a encore dit la bouillante candidate du NPD.

Selon Mme Boivin, ce petit mot de Stéphane Dion démontre que le Parti libéral n'est plus la machine politique d'antan. "Le Parti libéral est vraiment désorganisé au Québec et cela ne devrait pas nous surprendre que ça arrive. C'est devenu un running gag ".

Courriel aux donateurs

Marc Roy, un porte-parole du Parti libéral, a expliqué à La Presse que Mme Boivin a reçu un courriel envoyé à tous les donateurs du parti dimanche. Il a expliqué que le nom de Mme Boivin se retrouvait sur la liste libérale parce qu'elle a quitté le parti il y a quelques semaines seulement.

"Comme elle était membre du Parti libéral il n'y a pas longtemps, elle faisait aussi encore partie de la liste des donateurs. Elle a reçu un courriel générique qui a été envoyé à tous les donateurs du parti. Le courriel avait été personnalisé car on y retrouvait le nom de chaque donateur. Ce n'était pas envoyé uniquement à Mme Boivin", a dit M. Roy.

D'ores et déjà, la lutte s'annonce fort intéressante dans Gatineau, qui fait partie des 20 circonscriptions à surveiller au pays selon certains observateurs. Chose certaine, le NPD entend multiplier les efforts pour assurer la victoire de Mme Boivin. Le chef du NPD, Jack Layton, compte effectuer une visite dans cette circonscription d'ici une semaine.