C'est une «forme particulière de haine idéologique» qui a poussé Momin Khawaja à comploter en vue de commettre un attentat terroriste avec d'autres extrémistes en Grande-Bretagne, a plaidé mardi un procureur de la Couronne au procès pour terrorisme de Khawaja, en Cour supérieure de l'Ontario.

Selon David McKercher, qui a commencé à récapituler sa cause, mardi, il n'y a aucun doute que le concepteur de logiciels d'Ottawa doit être reconnu coupable des accusations pesant contre lui. L'accusé voulait devenir l'ennemi mortel de l'Occident; son intention était de semer la mort et la destruction en Occident, a affirmé le procureur.

Khawaja, qui a été arrêté il y a plus de quatre ans, fait face à sept chefs d'accusation d'aide au terrorisme, dont une allégation à l'effet qu'il a fabriqué une commande de contrôle à distance devant être utilisée pour des attentats à la bombe, planifiés mais jamais mis à exécution, par des extrémistes islamistes au Royaume-Uni.

Cinq de ses présumés coconspirateurs ont été reconnus coupables à Londres et condamnés l'an dernier à la prison à vie.

Le procès de Khawaja, qui a plaidé non coupable à toutes les accusations, se poursuit devant le juge Douglas Rutherford, sans jury, depuis le mois de juin.

Me McKercher a présenté un résumé de cinq semaines de preuves déposées cet été dans le cadre du procès, susceptible de représenter un test crucial de la Loi antiterrorisme du Canada, adoptée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Dans son résumé, qui devait se poursuivre mercredi, le procureur a cherché à décrire l'implication alléguée de Khawaja. Le témoin-vedette de la Couronne, Mohammed Babar, un ex-membre d'al-Qaïda devenu informateur de police, a affirmé dans son témoignage que Khawaja avait participé à un camp d'entraînement au Pakistan, en 2003, qu'il avait servi d'intermédiaire pour livrer de l'argent et des équipements et qu'il avait discuté d'opérations potentielles.

La Gendarmerie royale du Canada a dit avoir découvert la télécommande au domicile de Khawaja, en banlieue d'Ottawa. Des preuves recueillies par les services de renseignement britanniques indiquent que Khawaja a rendu visite à des gens impliqués dans le complot britannique et a discuté de technologie de commande à distance avec eux.

L'avocat de la défense, Lawrence Greenspon, affirme que les comploteurs n'ont parlé des attentats projetés à Londres qu'en l'absence de Khawaja, ce qui signifie qu'il n'était pas au courant de ce projet.

De plus, selon l'avocat, Khawaja a fréquenté le camp d'entraînement pakistanais avec pour objectif de combattre les forces occidentales en Afghanistan - et non pas pour s'attaquer à des civils en Grande-Bretagne.