Il y a eu la tragédie de Columbine, celle Virginia Tech puis celle du collège Dawson il y a presque deux ans jour pour jour: près d'une centaine de fusillades ont bouleversé des établissements scolaires de la planète entre 1965 et 2007.

Mais alors que le phénomène semble prendre de l'ampleur, les écoles sont toujours très mal outillées pour le prévenir. Une professeure de l'UQAM a mobilisé un groupe de chercheurs internationaux pour corriger la situation.

Camelia Dumitriu souhaite établir d'ici à quelques mois un plan d'action qui pourrait être implanté dès l'automne 2009 dans toutes les écoles de la province afin de prévenir les événements d'«extrême violence». Ce plan comporterait notamment un guide pour faciliter l'identification des personnes susceptibles de commettre de tels crimes et des suggestions concrètes pour renforcer la sécurité des établissements scolaires.

Le modèle sera dressé à partir des observations d'une équipe d'universitaires des États-Unis, d'Europe et d'Australie, qui passeront au peigne fin neuf tragédies survenues au cours des 10 dernières années sur quatre continents.

Un triste constat se dégage déjà des recherches: «Plusieurs tragédies auraient peut-être pu être évitées», dit Mme Dumitriu.

En 2007, l'auteur d'une tuerie dans un lycée finlandais n'a pas été intercepté même s'il avait publié sur YouTube une vidéo annonçant ses intentions plusieurs heures avant de passer à l'acte. Son entourage connaissait son tempérament violent. Il a tué neuf personnes. «Plusieurs personnes avaient reçu des lettres de menace, plusieurs personnes ont été impliquées avant la tragédie. C'est un cas typique où on aurait eu une chance d'intervenir», dit-elle.

Changer les mentalités

Des mentalités sont à changer. «Il faudra faire beaucoup de sensibilisation. Les gens ont l'impression qu'il ne peut rien arriver dans les écoles, ou ne savent pas à qui s'adresser lorsqu'ils ont des soupçons.»

Le groupe de recherche comprendra aussi une série de conseils à suivre pendant et après une fusillade. Les études démontrent que plus d'une école sur deux aux États-Unis est dépourvue de plan d'urgence. Aucune enquête du genre n'a été menée au Canada, mais la situation serait similaire, dit Mme Dumitriu.

Le collège Dawson n'avait pas de programme de gestion de crise quand Kimveer Gill y a fait irruption, pas plus qu'il n'y avait de cellule de crise qui aurait pu se mobiliser rapidement dans un centre de gestion de crise. «Plus on gère la crise rapidement et efficacement, plus on limite les conséquences psychologiques sur les victimes», rappelle la professeure.

Mme Dumitriu a été bouleversée par les témoignages qu'elle a recueillis au lendemain de la tragédie du collège Dawson. «Les gens entendaient des coups de feu sans savoir ce qui se passait, s'il y avait 1, 10 ou 15 tireurs, ni où ils étaient.» La situation du collège Dawson n'est pas unique, relève-t-elle, mais démontre clairement l'importance d'établir des systèmes de communication fiables afin de garder contact avec les témoins d'une fusillade.