Après quelques heures de confusion, le Parti libéral a finalement déclaré que Jean Carle, ancien protégé de Jean Chrétien, ne collaborerait pas à la campagne électorale au Québec.

Des rumeurs ont commencé à circuler plus tôt cette semaine selon lesquelles M. Carle devait occuper l'important poste de directeur de campagne. La perspective a fait grincer des dents certains libéraux qui, sous le couvert de l'anonymat, se sont inquiétés du fait que l'on ramène ainsi ce directeur des opérations du bureau du premier ministre, dont le nom avait été soulevé dans le scandale des commandites.

Hier midi en conférence de presse, le chef libéral Stéphane Dion a affirmé que M. Carle serait impliqué dans la campagne. «M. Carle aura un rôle. Je ne suis pas exactement au courant duquel, mais il aura un rôle», a-t-il déclaré.

Mais cette information a été démentie en fin de soirée par Nancy Girard, coprésidente de la campagne. «Le nom de M. Carle a été évoqué, mais il n'aura pas de poste avec nous», a-t-elle tranché.

La Presse a publié hier matin un texte dans lequel plusieurs libéraux du Québec se plaignaient de l'état de préparation des troupes dans la province et du leadership de Céline Hervieux-Payette, la lieutenante québécoise de Stéphane Dion.

L'une des sources de mécontentement réside dans la composition du war room, sorte de bunker où se décident les stratégies électorales. Sur une liste des personnes qui y travailleront, obtenue par La Presse, on retrouve les noms de David Berger, qui était député sous Jean Chrétien; de Charles Boyer, ancien chef de cabinet de Sheila Copps qui s'était fait montrer la porte après avoir présenté des allocations de dépenses abusives et de Massimo Pacetti, député plus effacé de Saint-Léonard.

Des libéraux ont affirmé que les membres étaient trop proches de Jean Chrétien et même que certains étaient des has been. «Ce n'est pas avec cela que l'on gagne une campagne», a indiqué une source.

Mais les députés, sénateurs et organisateurs libéraux réunis au caucus de Winnipeg hier ont tenu à corriger les faits et réaffirmer leur unité. «Ce n'est pas la vieille gang, s'est exclamée la coprésidente Nancy Girard, qui elle aussi travaillera dans le war room. C'est une combinaison d'expérience et de la nouvelle génération du parti.»

Elle a ajouté que les libéraux peuvent au moins dire qu'ils ont un war room au Québec, contrairement aux conservateurs. Les autres membres du groupe sont le fidèle lieutenant de Stéphane Dion, André Lamarre, le directeur général de l'aile québécoise du PLC, Philippe Angers, l'un des relationnistes de M. Dion, Jacques Ouimette, ainsi que Serge Paquette, François L'Heureux, Luc Perreault, Caroline Savic et Roger Légaré.

Pour sa part, le chef libéral a nié qu'il y ait un problème au sein de son organisation au Québec. «Vous feriez la même enquête auprès des autres partis et vous en trouveriez, des gens qui disent la même chose chez les conservateurs ou chez le Bloc ou chez le NPD», a-t-il dit.

«Ce sont des individus qui sont frustrés d'avoir perdu leurs élections ou de décisions qui ont été prises, a renchéri Nancy Girard lors d'une entrevue avec La Presse. On les connaît et ils sont brûlés. On n'a pas besoin d'eux.»