Le principal adversaire du maire Gérald Tremblay aux prochaines élections vient de sortir du chapeau ce qui risque d'être l'un des éléments forts de son programme électoral, aux élections municipales de 2009. Benoit Labonté veut ressusciter Expo 67 à Montréal, en 2020.

Tant dans les couloirs de l'hôtel de ville que parmi les gens d'affaires montréalais interrogés par La Presse, hier, on n'avait pas vu venir l'idée du maire de Ville-Marie, aussi chef de l'opposition, annoncée dans la salle du conseil d'arrondissement. Seul devant son lutrin, avec à la main les passeports rouges d'Expo 67, M. Labonté a déclaré qu'il enclenchait officiellement le dépôt de la candidature de Montréal pour qu'elle soit retenue en 2011, par le Bureau international des expositions (BIEF).

M. Labonté, qui a claqué la porte du parti de l'administration Tremblay l'automne dernier, a répété à plusieurs reprises qu'il fallait mobiliser la population derrière un projet pour relancer Montréal. Et il n'a pas manqué de tendre la main au maire Tremblay pour qu'il se rallie à son projet.

«C'est la fierté collective qui nous fait actuellement défaut», a dit M. Labonté, ajoutant que la croissance touristique est «stagnante» à Montréal, contrairement au reste de l'Amérique du Nord.

Afin de parvenir à ramener l'expo à Montréal, le maire Labonté s'est rendu à Paris, entièrement à ses frais, au printemps dernier, pour rencontrer le secrétaire général du BIE. De cette rencontre est née la Société de l'exposition universelle de Montréal (2020), avec à sa tête trois avocats, dont Martin Janson, trésorier et représentant officiel du parti Vision Montréal. La prochaine étape consistera à former un conseil d'administration.

Gros ballon

Quelques heures après l'annonce, le cabinet du maire de Montréal a dépêché dans le hall d'honneur son responsable des projets Montréal 2025, Alan DeSousa. En 2005, après les Championnats du monde de natation, Gérald Tremblay avait carrément rejeté l'idée d'une «Expo 2017», à Montréal.

«C'est un gros ballon qu'il faut s'empresser de dégonfler, a dénoncé, hier, Alan DeSousa, au nom du maire. On a des projets beaucoup plus porteurs, qui sont réalisables aujourd'hui, pas sur un horizon de 12 ans», a-t-il ajouté.

À la chambre de commerce du Montréal métropolitain, on ne rejette pas l'idée d'un revers de main, mais Isabelle Hudon, présidente et chef de la direction, estime que «c'est très coûteux comme projet».

«Je ne pense pas me tromper en disant qu'il faut débourser entre 15 et 20 millions pour la mise en candidature seulement, a-t-elle ajouté. Il faudra voir le potentiel de mobilisation, et comment on pourra créer un engouement. Il est en tout cas clair que nous sommes en précampagne électorale.»

Dans les années 60, les dimensions de l'île Sainte-Hélène avaient doublé afin d'accueillir les pavillons d'Expo 67. Au lieu d'une première estimation de 10 millions de dollars, le remblai avait coûté quatre fois plus, soit 40 millions. Selon divers experts qui ne le clament pas ouvertement, la Ville de Montréal avait alors commencé à s'endetter.