La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget a sérieusement tempéré l'enthousiasme du gouvernement Harper qui, à la veille du déclenchement des élections, a confirmé hier des transferts totalisant 4 milliards au Québec, pour la construction d'infrastructures d'ici 2014.

De ces 4 milliards, la moitié proviendra d'un transfert de taxe sur l'essence au profit des municipalités, une mesure qui n'entrera en vigueur qu'en 2010, a-t-elle rappelé au cours d'une conférence de presse où se trouvaient les ministres fédéraux, Lawrence Cannon (Transports) et Josée Verner (Patrimoine).

Des 2 milliards restant, plus de 750 millions sont déjà alloués à des projets annoncés depuis longtemps, du prolongement de l'autoroute 30 à l'ouest jusqu'au financement du Quartier des spectacles. Même à Québec, le projet de construction d'un grand centre sportif pour l'Université Laval avait fait l'objet d'une annonce par le premier ministre Jean Charest, lors de la campagne électorale de 2007.

«Je le dis tout de go, on va être taxés de vouloir collaborer ou aider à la veille d'une élection. Cela fait longtemps qu'on en parle de Chantiers Canada», a soutenu Mme Jérôme-Forget. Mais dans les prochains jours, des ententes seront signées avec toutes les provinces - quatre avaient déjà conclu un accord le printemps dernier. «Si je disais aujourd'hui le Québec ne signe pas parce qu'il est probable qu'une élection soit déclenchée prochainement» a lancé Mme Jérôme-Forget. «On aurait pu le faire plus tôt, mais cela arrive aujourd'hui. L'intérêt du Québec commande que je sois ici», a-t-elle affirmé.

Pour son collègue aux Relations intergouvernementales, Benoît Pelletier, l'annonce d'hier reste, du point de vue financier, l'accord le plus important conclu par un gouvernement québécois avec Ottawa.

Mais pas l'échangeur Turcot...

Selon Mme Jérôme-Forget, Québec tente toujours de convaincre Ottawa de participer à des projets de réfection et d'entretien des infrastructures routières. Ottawa refuse encore de financier la réfection de l'échangeur Turcot, un énorme projet qui coûtera plus de 1,2 milliard. «Ils ne veulent pas parce que c'est trop d'argent» a expliqué la ministre québécoise.

L'annonce d'hier avait fait l'objet d'une entente de principe entre Ottawa et Québec, en mai dernier. À la fin juin, le Conseil des ministres à Québec avait approuvé le texte de l'accord définitif.

Pour le ministre Cannon, Chantiers Canada permettra de démarrer plusieurs chantiers qui stimuleront l'économie canadienne. Selon lui la proximité des annonces et de la campagne électorale ne sera pas source de cynisme dans la population. Trente mois après l'élection du gouvernement minoritaire, rien n'aurait été réalisé s'il avait fallu mettre les freins à chaque fois que l'opposition a menacé de renverser le gouvernement Harper, a-t-il expliqué.

Pour M. Cannon, à la différence des ententes précédentes, l'accord d'hier prévoit qu'au moment de l'annonce des projets, les fonds devront être disponibles tant à Ottawa qu'à Québec. «Il n'y aura plus cette valse-hésitation extrêmement irritante», a-t-il dit. Pour bien des projets, la facture a grimpé depuis le lancement du programme il y près d'un an, les enveloppes ont été ajustées passant de 33 à 37 milliards pour l'ensemble du pays, a ajouté M. Cannon.

Venus à l'événement sans y être invités, les députés adéquistes Sylvain Légaré et Éric Caire sont venus saluer l'annonce du gouvernement Harper. Selon le premier, beaucoup de militants adéquistes appuieront les candidats conservateurs à Québec, même si aucun mot d'ordre n'est donné. «Il y a de bonnes nouvelles pour la région. Est-ce que cette annonce est motivée par des mauvaises raisons, je vous en laisse juger», a dit Éric Caire.