Le chef libéral Stéphane Dion a présenté hier une série de changements à son Tournant vert dans le but de le rendre plus acceptable pour les industries de l'agriculture, de la foresterie, des pêches et du transport par camion.

En tout, 900 millions de dollars seront ajoutés sous forme de mesures d'incitation fiscale et d'aide à la diminution des émissions gaz à effet de serre, dont 400 millions seront puisés à même un fonds de réserve prévu dans le programme environnemental et fiscal annoncé au début de l'été.

Les 500 autres millions de dollars seront investis par l'entremise de deux nouveaux programmes qui feront partie de la plateforme électorale des libéraux: un fonds pour les fermes écologiques (250 millions) et un fonds pour la pêche et le transport routier verts (250 millions).

Au caucus de son parti, hier à Winnipeg, M. Dion s'est défendu d'inventer une politique au fur et à mesure, comme l'affirment les troupes de Stephen Harper.

«Nous avons pris deux mois pour consulter les Canadiens, a-t-il souligné. Quel genre de dialogue Stephen Harper a avec les Canadiens? Nous consultons. Nous écoutons. Et nous améliorons.» Il s'agit tout de même d'un changement de cap pour le chef libéral, qui avait annoncé mardi que seules des modifications touchant les agriculteurs seraient annoncées le lendemain. M. Dion n'a pas expliqué cette volte-face.

Par ailleurs, il a tenté de donner du poids à son annonce en présentant du même coup un nouveau candidat. Il s'agit Bob Friesen, président jusqu'à hier de la Fédération canadienne de l'agriculture. M. Friesen, qui a déjà réclamé publiquement des changements au plan vert, appuie maintenant les nouvelles propositions libérales.

«Les fermiers n'ont pas d'objection à prendre certaines responsabilités, a-t-il dit. Mais ils veulent aussi être reconnus pour les solutions qu'ils amènent. Et c'est exactement ce que ce changement dans le Tournant vert fera pour les agriculteurs.»

Le Tournant vert est la pièce centrale de la plateforme électorale libérale. Il s'agit d'imposer une taxe sur les émissions de carbone des grands pollueurs, et de retourner les fonds recueillis à d'autres groupes sous forme de baisses d'impôts, comme les familles de la classe moyenne. Les libéraux affirment que l'initiative n'augmentera pas le coût de la vie des Canadiens. Les conservateurs prétendent le contraire.

M. Dion et ses collègues libéraux font le tour du Canada depuis le début de l'été pour expliquer le plan aux électeurs. Un sondage a indiqué en début de semaine que le soutien populaire avait diminué depuis quelques semaines, particulièrement en Ontario.

«La volte-face de M. Dion est une admission que son soi-disant Tournant vert n'a jamais été autre chose qu'une manière de soutirer des taxes et de punir les fermiers et les travailleurs canadiens», a réagi l'attaché de presse du premier ministre Stephen Harper, Dimitri Soudas.