Nausées, vomissements, diarrhées. Les symptômes de la listériose sont franchement désagréables. Pire, cette forme d'intoxication alimentaire peut même être mortelle. La bactérie a déjà fait une victime en Ontario, peut-être plus. Et on bat le rappel d'une vingtaine de produits Maple Leaf potentiellement contaminés.

L'éclosion de listériose rendue publique il y a deux jours par Santé Canada a pu toucher jusqu'à 34 Canadiens, dont un Québécois. Au moins une personne, une dame âgée originaire de Hamilton, est décédée des suites de l'intoxication alimentaire, qui aurait été causée par la contamination d'une usine des Aliments Maple Leaf.

Mais le bilan des victimes pourrait encore s'allonger, a admis hier le médecin-hygiéniste en chef de l'Ontario, David Williams. «Je m'attends à ce qu'il y ait d'autres cas», a-t-il déclaré.

Depuis deux jours, 17 cas de listériose ont été confirmés à travers le Canada: 13 en Ontario, deux en Colombie-Britannique, un en Saskatchewan et un au Québec. Une femme enceinte âgée de 40 ans est au nombre des victimes, dont la plupart ont plus de 60 ans.

En conférence de presse, hier, M. Williams a indiqué que 17 nouveaux cas faisaient l'objet d'une enquête. La CBC indiquait hier que quatre nouveaux décès pourraient s'ajouter au bilan. David Williams a cependant refusé de confirmer cette information. «Il faut attendre les résultats des analyses», a-t-il simplement indiqué.

La victime québécoise, un homme âgé de Québec, s'est bien remis des suites de la listériose. «Il a bien récupéré», indique Marie-Claude Gagnon, du ministère de la Santé.

Depuis le début de l'année 2008, on compte huit cas de listériose, seulement à Montréal. «Mais nos cas ne sont pas reliés à l'éclosion», précise la Dr Terry Tannebaum, de la Direction de la santé publique de Montréal. Bon an, mal an, une soixantaine de cas de listériose sont recensés à travers le Canada. Mais ce sont des cas isolés, qui n'ont aucun lien entre eux, contrairement à l'actuelle éclosion, qui est causée par la même souche de la bactérie listeria.

Même si le lien entre les produits Maple Leaf et cette soudaine éclosion n'a pas encore été établi hors de tout doute, les Aliments Maple Leaf ont fermé pour quatre jours leur usine de Toronto, où travaillent 380 employés. L'Agence d'inspection des aliments a aussi rappelé 23 produits de charcuterie de l'entreprise, à la suite de tests qui ont révélé la présence de la bactérie listeria. Certains de ces produits avaient été distribués à des chaîne de restauration rapide Mr. Sub et Mcdonald's et des centres d'hébergement. D'autres se sont retrouvés sur les tablettes des supermarchés.

«On ne peut pas dire avec certitude que ces produits ont causé la maladie. Mais ils font l'objet d'une enquête», indique Linda Leblanc, de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA).

Hier, la porte-parole de l'entreprise indiquait qu'on procédait actuellement à un nettoyage complet de l'usine. «Nous allons démonter tous les équipements de l'usine», explique la porte-parole de l'entreprise, Linda Smith.

C'est le mécanisme de surveillance mis en place après l'épidémie de SRAS qui a permis aux autorités de santé publique de l'Ontario de constater, au beau milieu de l'été, une augmentation anormale du nombre de cas de listériose dans la province. «Normalement, nous avons quatre ou cinq cas durant l'été. Et soudain, c'était plus élevé», explique M. Williams.

On a donc questionné les victimes afin de trouver l'origine de la bactérie, qui, si elle est ingérée par l'humain, peut causer des nausées, des vomissements ou de la fièvre. Mais le problème, c'est que ces symptômes peuvent survenir jusqu'à trois mois après l'ingestion de l'aliment problématique. Remonter à la source de la contamination est donc «un incroyable travail de détective», souligne M. Williams.

Aux Communes, cette éclosion de listériose a provoqué un débat entre libéraux et conservateurs. La vague de rappel d'aliments de cette semaine nous montre que le plan conservateur, qui vise à réduire le budget de l'ACIA, est non seulement mal avisé, mais dangereux, ont affirmé aujourd'hui les porte-parole libéraux. Le ministre fédéral de l'Agriculture, Gerry Ritz, a rejeté ces allégations.