Le ministre québécois de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, n'écarte pas la possibilité de tenir une enquête publique sur les événements entourant la mort du jeune Fredy Villanueva, tombé sous les balles de policiers montréalais samedi.

Cependant, M. Dupuis n'entend pas donner suite à la demande d'une enquête publique avant que l'enquête de la Sûreté du Québec sur ces événements ne soit complétée.

Mardi, le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) a demandé la tenue d'une telle enquête publique.

Les porte-parole de l'organisme craignent que l'enquête de la SQ ne soit pas assez transparente, alors qu'une enquête publique, selon eux, permettrait à des témoins de se faire entendre et jetterait un meilleur éclairage sur les événements.

«Puisqu'il y a eu mort d'un jeune homme par balle, il m'apparaît que d'abord et avant tout il faut qu'il y ait une enquête de police, qui soit une enquête criminelle, pour savoir ce qui est arrivé, a dit le ministre Dupuis en entrevue. Une fois que cette enquête-là sera complétée, sera soumise à un procureur de la Couronne, on verra ce qui arrivera. On avisera à ce moment-là.»

Le ministre a donné l'assurance que l'enquête de la Sûreté du Québec serait aussi transparente que peut l'être ce genre d'enquête.

«Dans une enquête criminelle, il y a des informations qui doivent rester confidentielles jusqu'à la conclusion. Je dis tout de suite que les conclusions seront rendues publiques. Dans le cours de l'enquête, j'ai demandé à la Sûreté du Québec de communiquer régulièrement avec la population pour donner (...) l'état de l'enquête et informer la population sur la démarche», a ajouté le ministre Dupuis.

Malgré les assurances de transparence du ministre, la SQ s'est néanmoins montrée avare de détails relativement à l'enquête sur la mort du jeune Villanueva.

En conférence de presse, mardi après-midi, la SQ a indiqué que les deux policiers impliqués dans l'incident n'ont toujours pas été rencontrés par les enquêteurs.

Ceux-ci ont complété l'analyse de la scène des événements et rencontré, jusqu'ici, une trentaine de témoins, dont les membres de la famille de la victime.

Pour l'instant, ils ont pu établir que les deux policiers, un homme et une femme, se sont présentés derrière l'aréna de Montréal-Nord vers 19h00 samedi soir, où ils ont interpellé un groupe de jeunes qui jouaient aux dés. Par la suite, il y aurait eu altercation et attroupement de jeunes. Le policier masculin a fait feu à quatre reprises, tuant le jeune Villanueva et blessant deux autres jeunes.

Bien qu'elle promette de rendre publiques les conclusions de son enquête, la SQ ne veut pas en révéler davantage pour l'instant, estimant qu'elle doit garder certains éléments de preuve confidentiels pour ne pas nuire à l'enquête.

Quant à ces conclusions, elles devraient être connues dans huit à dix semaines, selon la SQ.

Le rapport d'enquête, lui, sera remis à un procureur de la Couronne qui décidera des suites à y donner, s'il y a lieu, devant les tribunaux. Le coroner sera également saisi de ces conclusions.

Fredy Villanueva, âgé de 18 ans, a été abattu dans un parc de l'arrondissement Montréal-Nord, samedi, par des policiers qui effectuaient une patrouille à pied. La mort du jeune homme a entraîné une manifestation de protestation, dimanche, qui a dégénéré en émeute en soirée.

Le ministre Dupuis a précisé qu'il n'entend pas mener d'enquête externe ou indépendante sur les circonstances entourant l'émeute et l'intervention policière qui a suivi.

M. Dupuis, qui a rencontré mardi matin le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Yvan Delorme, s'est dit satisfait pour l'instant des assurances obtenues quant à une révision interne des méthodes d'intervention.

Le ministre s'est toutefois dit particulièrement préoccupé par le fait que des éléments semblent avoir profité de la manifestation pour s'y infiltrer avec des objectifs fort différents de ceux des manifestants qui avaient déambulé dans le calme jusque-là.