Les policiers mêlés à l'intervention qui a coûté la vie à Fredy Villanueva avaient à eux deux six ans de service à la police de Montréal. Selon un criminologue, le duo n'était pas assez expérimenté pour le type d'intervention qu'il devait faire.

L'un des deux agents se nomme Jean-Loup Lapointe, selon nos informations. La Sûreté du Québec a confirmé mardi que le policier masculin avait tiré quatre projectiles lors de l'intervention de samedi soir.

Le patrouilleur du poste de quartier 39, à Montréal-Nord, a joint les rangs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) il y a quatre ans et demi. La policière qui l'accompagnait avait pour sa part un an et demi d'expérience à Montréal, a confirmé le SPVM.

Jean-Loup Lapointe, joint hier par La Presse, n'a pas voulu offrir sa version des faits. «Évidemment, je ne suis autorisé à divulguer aucun renseignement étant donné l'enquête en cours», a-t-il indiqué.

«Je ne répondrai à aucune autre question, malheureusement», a ajouté le policier.

Son père, qui habite la couronne nord, n'a pas voulu commenter les événements non plus. «J'aurais beaucoup à dire, mais je préfère laisser les médias faire leur travail», a-t-il dit poliment. Les avocats des deux policiers, Pierre Dupras et Gérald Soulière, ont observé le même mutisme.

L'agent Lapointe a jusqu'à maintenant un parcours déontologique sans tache, a confirmé hier le greffe du Comité de déontologie policière.

Trop jeunes?

Le criminologue André Normandeau croit que l'expérience des deux patrouilleurs était insuffisante pour l'intervention de samedi soir. Vers 18h30, le duo a accosté Dany Villanueva, un jeune homme qui s'est déjà fait épingler avec des armes à feu.

"Les deux policiers étaient trop jeunes et pas assez expérimentés, a dit M. Normandeau, professeur à l'Université de Montréal. Il aurait fallu deux ou trois autres policiers, dont au moins un avec huit ou 10 ans d'expérience."

Mathias Tellier, spécialiste en opérations policières, a rappelé que les policiers plus anciens choisissent en premier leurs vacances l'été. "Mais on ne peut pas dire qu'un policier qui a quatre ans et demi de service est un apprenti", a-t-il souligné.

Selon leur syndicat, le tiers des 4500 policiers du SPVM ont moins de 10 ans d'expérience.