Le premier ministre Stephen Harper s'est rendu mercredi dans les Territoires du Nord-Ouest pour revendiquer le contrôle des eaux arctiques disputé au Canada notamment par la Russie, les États-Unis et l'Union européenne.

Dans un geste réclamé depuis longtemps par des spécialistes de l'Arctique, M. Harper a annoncé que tous les navires voguant dans l'Arctique canadien seront obligés de le signaler à l'agence Système de trafic de l'Arctique canadien, de la Garde côtière canadienne.

Le premier ministre conservateur a indiqué que son gouvernement allait aussi doubler, à 370 kilomètres des côtes, l'étendue de la juridiction du Canada en vertu de la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques.

«Ces mesures lanceront un message clair au monde entier, a dit M. Harper lors d'une conférence de presse sur le rivage de la mer de Beaufort. Le Canada prend l'entière responsabilité de la protection environnementale et de la défense de la mer de Beaufort.»

Même si la revendication canadienne du passage du Nord-Ouest n'est généralement pas reconnue sur la scène internationale, M. Harper s'attend à ce que les navires étrangers respectent l'obligation de signalement.

«Certains pays peuvent s'opposer à ce que nous faisons, parce qu'ils ne reconnaissent pas notre souveraineté, mais je m'attends à de la collaboration en ce qui a trait au signalement, parce qu'ultimement, il en est de l'intérêt de tout le monde de s'assurer qu'il y ait une certaine autorité, aux points de vue environnemental et commercial, dans la région.»

Selon le premier ministre, le Canada est prêt à agir contre ceux qui ne signaleront pas leur présence. «Nous avons augmenté les effectifs de la flotte de la Garde Côtière. Nous aurons une plus grande capacité d'intercepter et de détenir ceux qui ne respecteront pas l'obligation de signalement.»

Un spécialiste de l'Arctique de l'Université de Calgary, Rob Huebert, voit l'annonce de mercredi comme une bonne nouvelle. «C'est une bonne chose à faire», a-t-il dit.

M. Huebert a indiqué que deux navires avaient ignoré la demande de signalement la saison dernière. «La majorité des pays qui se rendent dans l'Arctique en ce moment coopèrent, a-t-il expliqué. Ce sont les nouvelles entreprises qui suscitent de l'inquiétude. Le signalement obligatoire forcera les nouvelles entreprises à coopérer.»

Le contrôle et le développement du Grand Nord canadien devrait figurer en bonne place dans la plateforme électorale des conservateurs. Le gouvernement Harper a promis d'investir des milliards de dollars dans le secteur militaire et à la garde côtière, et a augmenté le nombre de zones protégées. Mardi, le premier ministre avait annoncé qu'Ottawa investira 100 millions $, en cinq ans, dans un vaste projet de géocartographie du Grand Nord canadien.

La Russie, les États-Unis et plusieurs pays d'Europe considèrent que le passage du Nord-Ouest se trouve en eaux internationales.