Après avoir recruté l'ex-directeur général du Parti libéral du Canada section Québec, Yves Lemire, le chef de l'opposition officielle à la Ville de Montréal, Benoit Labonté, pourrait prendre une autre libérale, Irène Marcheterre, comme attachée de presse. Cette éventualité fait jaser au sein de Vision Montréal, a appris La Presse.

Âgée de 40 ans, Mme Marcheterre occuperait le poste qu'avait auparavant Suzanne Gagnon, attachée de presse de l'ex-chef de l'opposition officielle, Noushig Eloyan. «On est en discussions actuellement», a reconnu, hier, M. Labonté. «Il n'y a rien de confirmé encore, a ajouté Mme Marcheterre. J'ai des mandats à terminer avec ma compagnie de communication.»

Certains membres de Vision Montréal ne voient pas d'un bon oeil l'arrivée de Mme Marcheterre, même si ses compétences ne sont pas remises en question. « Ça va être la guerre «, dit l'un d'entre eux. « Ce n'est pas une fille qui livre », dit un autre. « Il faut lui donner sa chance «, estime un autre.

Pourquoi de telles déclarations ? Certains lui reprochent «son style», «sa personnalité». Un autre trouve que c'est la preuve que « les péquistes de Vision Montréal sont en train de prendre le bord alors que c'est la branche qu'on devrait renforcer ».

Scandale des commandites

D'autres membres reprochent à Mme Marcheterre son passé professionnel avec les libéraux fédéraux, notamment durant le scandale des commandites, ce qui donnerait « une mauvaise image « au maire Labonté.

Mme Marcheterre a-t-elle fait quelque chose de répréhensible? « À ma connaissance, elle n'a pas été impliquée dans le scandale des commandites et j'espère que cela va se conclure de façon très positive car c'est une excellente personne, très expérimentée «, dit M. Labonté, qui ajoute ne pas avoir entendu parler du fait que certains membres de son parti ne sont pas favorables à cette embauche.

En tout cas, Anie Samson, la mairesse de l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc extension, dit que l'arrivée de Mme Marcheterre serait très positive. « On a travaillé ensemble, c'est une femme qui a du caractère et une grande expérience de terrain, dit Mme Samson. Elle connaît bien la politique. «

Originaire de Métis, près de Mont-Joli, Irène Marcheterre a vécu de près le scandale des commandites. Benoît Corbeil, ex-directeur général du PLC section Québec et candidat défait de Vision Montréal dans Anjou en 2001, avait reconnu avoir reçu un paiement en liquide de 50 000 $ de la part de Jean Brault. Irène Marcheterre faisait partie de la dizaine de militants et d'attachés politiques auxquels était destinée cette somme.

Richard Mimeau, adjoint spécial de M. Lapierre, faisait partie de la même liste. Il est aujourd'hui directeur général d'Union Montréal, le parti du maire Gérald Tremblay.

Après la déclaration de Benoît Corbeil, Mme Marcheterre et M. Mimeau avaient demandé à M. Corbeil de retirer ses « propos faux, vexatoires et diffamatoires».

Irène Marcheterre a été la porte-parole de la section québécoise du PLC durant plusieurs campagnes électorales. Elle a aussi été la porte-parole du ministre libéral des Transports, Jean Lapierre, en 2005. Jean Lapierre était d'ailleurs présent au lancement de la campagne de Benoit Labonté à la direction de Vision Montréal, au printemps dernier.

Auparavant, Mme Marcheterre, qui a fait une maîtrise en science politique sur le lobby des entreprises d'État, a été l'adjointe de circonscription de Stéphane Dion en 1997 et a travaillé dans son cabinet de ministre jusqu'au printemps 1999.

En recrutant Mme Marcheterre après Yves Lemire, Benoit Labonté agirait de la même façon que Pierre Bourque en 2001. Six mois avant le scrutin qui devait être son chant du cygne, M. Bourque avait fait appel à plusieurs organisateurs et militants actifs du PLC pour donner un coup de main à Équipe Bourque/Vision Montréal. Il avait engagé Serge Paquette, de la firme Communication et Stratégie, pour organiser sa tournée électorale. Mme Marcheterre faisait partie de cette équipe.

«J'ai toujours aimé travailler avec Irène, dit le directeur général de Vision Montréal, Yves Lemire. Des fois, elle est bourrative parce qu'elle sait ce qu'elle veut. Mais c'est comme ça dans le domaine politique.»

Mme Marcheterre, qui connaît M. Labonté depuis 1998, a dit, hier, être très surprise que des élus de Vision Montréal puissent ne pas souhaiter sa venue. « J'ai appris une chose en politique, c'est qu'on ne peut pas plaire à tout le monde, dit-elle. Mais je suis honnête et transparente. Avec moi, vous aurez l'heure juste.»