"Les chaises et les tables tournaient dans les airs devant moi à 20 pieds de haut", décrit Marie-Ève Guy, une employée de la marina de Shipshaw. Elle n'a rien vu venir. Rien dans le ciel laissait présager qu'une tornade s'abattrait sur sa petite municipalité. "J'ai vraiment vu une colonne de vents, comme dans les films", détaille-t-elle.

À environ un kilomètre de la marina, sur la rue Panoramique, Normand Néron est probablement celui qui a subi le plus de dommages. "C'est une perte de 80 000 $, déplore-t-il en pointant son avion renversé. C'est une minute de trop."

Ce dernier a vu arriver de loin un "entonnoir". Selon lui, il était visible à 20 kilomètres et faisait environ 25 mètres de largeur. "Par chance, il a passé entre ma maison et mon gazebo."

Ramener l'appareil à la rive a causé bien des maux de têtes à Pierre-Luc, le fils de M. Néron. "J'ai d'abord pris ma planche à voile pour aller chercher le canot qui s'était également retrouvé dans la rivière. Ensuite, j'ai pris le canot pour tirer l'avion vers la rive", explique-t-il. La famille Néron a dû attendre plusieurs heures avant l'arrivée de la grue pour recueillir l'hydravion.

La maison d'à côté a eu un peu plus de chance, mais le ponton de Bernard Dion et de Carole Potvin s'est également retrouvé à plusieurs mètres de leur quai. "Je l'ai vu voler dans les airs et atterrir carrément à une centaine de mètres", précise Bernard Dion. Ce dernier se demande encore comment des cordes marines et une ancre de plus de 1000 livres ont pu se déplacer autant.

Le couple s'était mis à l'abri dans leur maison, mais il pouvait assister à la scène. Les deux confirment avoir vu un couloir de vent blanc devant leur maison. "Les balançoires de notre patio ont immédiatement levé comme une feuille. Une remorque est même montée à 20 pieds dans les airs", précise le couple.

Après la tempête, le couple a demandé de l'aide aux voisins. Plusieurs curieux sont arrivés sur les lieux, avec beaucoup de questions sans réponses. Ceux-ci ont même empêché certains de fumer, tellement l'odeur du gaz les inquiétait.

Un peu plus loin, un homme sur un quai inspectait ses deux bateaux assez volumineux. "Il n'y a pas de dommage", crie-t-il à Carole Potvin. "Mais il y en a un qui a renversé sur mon quai."

Tous se demandaient comment des vents aussi violents pouvaient s'abattre aussi vite, sans préavis, sur le petite municipalité.

Llevesque@lequotidien.com