La firme torontoise Green Shift intente une poursuite de 8,5 millions $ contre le Parti libéral du Canada (PLC) qui utilise largement, en anglais, les mots «green shift» pour désigner son plan de taxation sur le carbone appelé «Tournant vert», en français.

La propriétaire de l'entreprise, Jennifer Wright, a admis avoir reçu des offres de soutien financier de la part de conservateurs. Elle a toutefois assuré que le Parti conservateur ne paierait pas ses frais juridiques, qui pourraient s'élever à 500 000 $.

«Oh mon Dieu, c'est ridicule!, a-t-elle lancé à ce sujet mercredi. En ce moment, nous payons.» Affirmant au départ n'avoir reçu aucun soutien des conservateurs, Mme Wright a plus tard ajouté avoir reçu des courriels de plusieurs d'entre eux, qui voulaient lui donner de l'argent.

La chef d'entreprise s'est adjoint les services d'un ancien spécialiste en communications pour le Parti progressiste-conservateur du temps de Brian Mulroney, Michael Krauss, qui préparera sa stratégie médiatique pendant les procédures judiciaires. M. Krauss a précisé qu'il a rencontré Mme Wright par le biais d'amis communs et qu'il n'est pas affilié au gouvernement Harper ou au Parti conservateur.

Mme Wright a personnellement remis ses intentions par écrit mercredi au quartier général du PLC. Le recours judiciaire réclame aussi 250 000 $ en dommages punitifs.

Mme Wright demande qu'un tribunal émette une injonction enjoignant le Parti libéral à cesser l'usage, y compris sur le Web, des deux mots ou de toute image ressemblant à celles utilisées par Green Shift dont la marque de commerce est inscrite depuis 2003.

Green Shift est une firme de consultation qui offre d'améliorer le bilan environnemental des entreprises. Depuis deux ans, les revenus de Green Shift sont passés de 300 000 $ à 1,5 million $, un succès grandissant qui incite Mme Wright à réclamer des dommages et intérêts plus importants.

En conférence de presse, Mme Wright a affirmé vouloir s'assurer que Green Shift ne sera pas associé à un parti politique à cause du plan libéral. «Nous avons un programme environnemental appelé Green Shift et nous avons des entreprises et des institutions (parmi nos clients), a expliqué Mme Wright. Comment les commissions scolaires pourront-elles dire qu'elles font partie du Green Shift et poser des affiches l'affirmant (...) si quelqu'un d'autre peut maintenant croire qu'il y a un lien avec un parti politique?»

Selon le chef libéral, Stéphane Dion, «green shift» est une expression largement utilisée pour donner un sens à des politiques conformes à ses propositions.

«Nous ne sommes pas une entreprise commerciale», a-t-il expliqué, ajoutant que son parti est prêt à collaborer. Il trouve «déplorable» que Mme Wright intente une poursuite qui, à son avis, n'est pas fondée.