Le gouvernement de Jean Charest a abandonné les quartiers pauvres de Montréal, estime Pauline Marois, qui dénonce l'absence du premier ministre pendant la crise à Montréal-Nord.

«M. Charest a été complètement absent d'une crise majeure. Et à mon point de vue, c'est le rôle d'un chef d'État de pouvoir être là lorsque se présentent des événements comme ceux-là», a critiqué la chef péquiste, à la fin d'un caucus de deux jours à Bécancour.

Accompagné de deux députés montréalais, Lisette Lapointe et Martin Lemay, Mme Marois s'est rendue sur place mardi pour discuter avec des membres d'organismes communautaires du quartier.

Son constat est sans équivoque. «Le gouvernement a abandonné certains quartiers sensibles de Montréal. Il a abandonné les politiques visant à soutenir ces quartiers, pour leur offrir des infrastructures, sportives, culturelles, soutenir aussi l'action communautaire», a déploré la chef du PQ.

Mme Marois rappelle qu'à la fin des années 90, son gouvernement avait passé un contrat de ville avec Montréal pour cibler et aider certains quartiers plus difficiles. «Nous avions investi des sommes importantes pour des infrastructures et pour soutenir les communautés et certains projets. Or, le gouvernement a abandonné cette orientation-là. Il a préféré plutôt dans le cadre de son dernier projet de loi donner 30 millions aux villes de l'ouest de Montréal», a dit la chef péquiste.

«Montréal-Nord n'a pas plus de ressources maintenant, de même que d'autres quartiers sensibles, avec malheureusement les conséquences que nous constatons aujourd'hui qui sont souvent liées à des situations de très grande pauvreté», a-t-elle ajouté.

Devant les craintes de la population et afin de faire toute la lumière sur l'incident qui a causé la mort de Fredy Villanueva, le 9 août, le Parti québécois estime qu'il serait préférable d'avoir un organisme d'enquête complètement indépendant, à l'image de ce qui se fait en Ontario. «Dans le cas présent, on devrait faire un effort pour aller chercher des citoyens qui sont au-dessus de tout soupçon, quitte à ce qu'il y ait des forces policières qui les accompagnent», a soutenu Mme Marois.

La souveraineté au menu

Par ailleurs, au lendemain des déclarations-chocs de François Legault, qui estime qu'il faut d'abord régler les problèmes en santé et en éducation, avant de parler de souveraineté, les troupes péquistes ont voulu dissiper les doutes sur la bonne entente qui règne au sein du parti.

«M. Legault s'est expliqué quant à ses propos. Ce que j'ai entendu me convient très bien, a dit Stéphane Bédard, député de Chicoutimi et whip du Parti québécois. Ce que je comprends des discussions qu'on a eues en caucus avec M. Legault, c'est qu'il se rallie à la position du caucus et du parti qui est celle de faire la promotion de la souveraineté.»

Or, le matin même, M. Legault persistait dans son argumentaire, en entrevue à la radio de Radio-Canada. «Il faut revenir à la base. C'est un grand débat au parti québécois de parler de gouvernance, mais il faut être capable de proposer des solutions pour gérer plus efficacement les services qu'on donne déjà à la population avant d'être capable de leur demander d'avoir un État à nous», a souligné M. Legault.

Pour François Gendron, le doyen de la formation péquiste, il n'y a toutefois pas de doute: «Il n'est pas question de mettre ça au frigo. C'est notre ciment, ça va rester notre ciment. On est souverainistes et on va faire la promotion de la souveraineté», a-t-il lancé.

Mais le dernier mot est revenu à la chef elle-même, qui a voulu clore le débat. «Le Parti québécois a un double défi à relever, à chaque élection, a dit Mme Marois. Nous devons autant mettre l'accent sur le fait que nous pouvons, nous voulons et nous serons un bon gouvernement, en même tant que nous devons mettre l'accent sur le fait que nous serions un meilleur gouvernement si nous avions tous les moyens normaux d'un État souverain.»