Les procureurs fédéraux sont en train d'essayer de changer leurs arguments contre Momin Khawaja parce qu'ils sont incapables de le relier de manière concluante au complot terroriste en Grande-Bretagne pour lequel il a initialement été accusé. C'est ce qu'a affirmé l'avocat qui défend Momin Khawaja, à son procès, mercredi.

«C'est extrêmement injuste», a soutenu Lawrence Greenspon.

L'avocat a présenté une motion demandant au juge Douglas Rutherford, qui entend la cause en Cour supérieure de l'Ontario, de casser les accusations de terrorisme déposées contre son client. Selon lui, la poursuite n'a pas été en mesure de soumettre assez d'éléments de preuve pour appuyer ses allégations concernant son implication dans un complot visant à faire sauter une boîte de nuit, un centre d'achats et des installations électriques et de gaz naturel en Grande-Bretagne.

L'avocat a admis devant le tribunal que Khawaja a suivi un entraînement au maniement d'armes à feu dans un camp au Pakistan, en 2003, et qu'il a développé un dispositif de contrôle à distance, surnommé «Hi-Fi Digimonster», pouvant être utilisé pour déclencher des explosifs. Mais il maintient que le seul objectif de Khawaja était de se joindre aux insurgés islamistes pour combattre les forces occidentales en Afghanistan, et d'utiliser le Digimonster contre des cibles militaires en Afghanistan, pas au Royaume-Uni.

Les preuves recueillies par les services de renseignement britanniques ont montré que Khawaja a rendu visite à Omar Khyam, le leader du complot en Grande-Bretagne, en 2004, et discuté de technologie de commande à distance avec lui.

Mais l'avocat a souligné que ces mêmes enregistrements de conversations indiquaient que Khawaja songeait à retourner au Pakistan, et possiblement à aller se battre en Afghanistan. Les seules discussions portant sur des cibles en sol britannique ont eu lieu entre Khyam et ses coconspirateurs britanniques, et Khawaja n'était pas présent, a ajouté l'avocat.

Il est clair, a-t-il poursuivi, que ce qui a été discuté en présence de Khawaja portait sur le fait d'aller combattre en Afghanistan, et n'avait rien à voir avec des bombes au centre-ville de Londres. Selon Me Greenspon, les conspirateurs britanniques ont délibérément tenu Khawaja à l'écart de leurs projets d'attentats contre des cibles britanniques.

Les procureurs avancent depuis le début de la cause que Khawaja était un participant de plein gré au complot britannique.

Khawaja, un concepteur de logiciel d'Ottawa, fait face à sept chefs d'accusation en vertu de la Loi antiterrorisme, dont celle d'avoir fabriqué le «Digimonster». Il est aussi accusé d'avoir facilité le terrorisme.

Cinq de ses coconspirateurs présumés ont été condamnés l'an passé en Grande-Bretagne, mais Khawaja a plaidé non coupable aux accusations qui pèsent contre lui au Canada.

Le procès a été ajourné à mardi prochain.