L'avocat de Momin Khawaja a déclaré mardi que si son client souhaitait sans aucun doute combattre pour la cause islamique en Afghanistan, il n'avait par contre jamais eu l'intention de bombarder des civils au Royaume-Uni.

Lawrence Greenspon a admis à la Cour supérieure de l'Ontario que la preuve avait été faite que Khawaja avait suivi des formations de tirs avec l'objectif de devenir un «soldat djihadiste de premier plan» dans le combat contre les forces occidentales présentes en Afghanistan.

L'avocat de la défense a également admis que son client avait développé un dispositif de contrôle à distance, dénommé Hi-Fi Digimonster, pouvant être utilisé pour déclencher des explosifs.

Me Greenspon a toutefois insisté pour dire que le Digimonster avait été conçu pour des cibles militaires en Afghanistan, et non pas pour une bombe artisanale construite par d'autres au Royaume-Uni.

«Il n'y a pas de preuve directe que Momin Khawaja ait eu la moindre connaissance de l'organisation d'un attentat à la bombe artisanale à Londres», a fait valoir l'avocat au juge Douglas Rutherford, qui entend la cause sans jury.

Me Greenspon a soutenu que les terroristes de Londres - bien qu'ils aient eu des contacts fréquents avec Khawaja - n'avaient jamais informé son client de leur intention de mener des attaques au Royaume-Uni.

L'avocat de la défense a présenté une motion demandant que le juge laisse tomber les accusations de terrorisme contre son client, arguant que la poursuite n'avait pas été en mesure de soumettre assez d'éléments de preuve pour appuyer ses allégations.

Khawaja, un développeur de logiciel d'Ottawa, fait face à sept chefs d'accusation en vertu de la Loi antiterrorisme. Il est notamment accusé d'avoir financé et facilité des activités terroristes, d'avoir pris part à des formations et des rassemblements de terroristes, et d'avoir mis à la disposition de terroristes une propriété de sa famille au Pakistan.

Cinq présumés co-conspirateurs ont été condamnés l'année dernière au Royaume-Uni pour avoir préparé des attentats contre notamment une boîte de nuit, un centre commercial et des installations électriques. Mais Khawaja a plaidé non coupable à tous les chefs d'accusation pesant contre lui au Canada.

Me Greenspon est resté vague en cour mardi sur qui précisément Khawaja voulait combattre en Afghanistan ou sur quelles cibles auraient été visées par les bombes déclenchées par le Digimonster.

L'avocat a fait référence à un certain moment à l'Alliance du Nord, et a aussi mentionné les troupes américaines.

Pressé plus tard par les médias à l'extérieur de la salle d'audience, Me Greenspon a admis que les cibles potentielles auraient pu inclure les troupes canadiennes. Tout opposant aux insurgés islamiques combattant les forces étrangères aurait pu être ciblé, a-t-il ajouté.

Concevoir des explosifs au Canada pour être utilisé contre les Canadiens et leurs alliés militaires à l'étranger pourrait représenter une infraction au code criminel, a-t-il admis. Mais ce n'est pas de cela qu'est accusé Khawaja, et cela ne figurerait pas dans la définition légale du terrorisme, a soutenu Me Greenspon.