"On ne se fera pas faire avec l'alimentation ce que nous nous sommes fait faire avec le textile."

Présent à Alma hier soir, dans le cadre des cérémonies d'ouverture de la 12e édition des Fêtes gourmandes du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), Laurent Lessard, a invité les Québécois à devenir des consommateurs plus responsables. Selon lui, l'avenir de l'industrie agro-alimentaire de la province passe irrémédiablement par un changement d'attitude de la population à l'endroit des produits locaux.

"Mangez engagés", a-t-il martelé à deux reprises en s'adressant aux quelque 450 convives qui participaient au souper protocolaire de l'événement.

Avec une éloquence et une conviction comparables à celles d'un prédicateur, le ministre Lessard a réitéré que, si chaque famille québécoise achetait, chaque semaine, l'équivalent de 30 $ de plus en produits locaux, l'industrie bénéficierait d'une augmentation de revenus d'un milliard $, après cinq ans.

Fait plutôt inusité, le titulaire de l'Agriculture a mérité une ovation debout au terme de son exposé.

"Il faut être plus soucieux de ce qu'on met dans notre panier d'épicerie. C'est un engagement que chaque Québécois doit prendre. Il faut aussi être capable d'exiger des produits du Québec lorsqu'on va au restaurant ou lorsqu'on organise un événement quelconque", ajoute-t-il en entrevue, quelques instants plus tard.

Toujours selon lui, l'avenir est toutefois prometteur. Outre l'explosion du coût de l'essence, qui a fait bondir le prix des produits importés, le ministre Lessard met en relief la conscience environnementale qui a gagné la nouvelle génération.

"L'essence et l'intérêt sans cesse croissant envers le développement durable nous aident beaucoup en ce moment. Je suis persuadé qu'il ne s'agit pas d'une simple mode, mais d'un courant qui va demeurer. La génération qui pousse présentement est sensible à l'empreinte environnementale. Pourquoi faire venir des produits de la Californie, avec tout ce que le transport de la marchandise implique, alors que nous sommes en mesure de produire ces mêmes produits ici, au Québec?"

Président d'honneur de la 12e édition des Fêtes gourmandes du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le directeur général de la coopérative agro-alimentaire Nutrinor, Yves Girard, partage pleinement les propos du ministre. Selon lui, les agriculteurs québécois, et particulièrement ceux de la région, disposent de tous les outils nécessaires pour s'illustrer.

"Sans rien enlever aux grandes industries que représentent le bois et l'aluminium, c'est par l'agriculture que se dessine l'avenir du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je suis convaincu que nous sommes capables de doubler, voire tripler le nombre d'emplois dans ce domaine d'activités à l'intérieur de 10 ans. C'est ce que nous essayons de mettre en valeur, chaque année, par le biais des Fêtes gourmandes", exprime-t-il.

Dans la même veine, Yves Girard insiste sur le principal atout des producteurs locaux, soit le climat nordique.

"Grâce à nos nuits fraîches, le sucre du canola ne se synthétise pas. Nos bleuets ont, pour les mêmes raisons, un taux d'anthocyane beaucoup plus élevé que partout ailleurs", rappelle-t-il.

Le Québec a d'ailleurs supplanté les États-Unis en ce qui a trait à l'exportation du bleuet au Japon.

Les Fêtes gourmandes du Saguenay-Lac-Saint-Jean se poursuivent aujourd'hui avec le dîner des aînés, puis le souper "Liverpool", qui se déroulera sur la musique des Beatles.