Le nombre de morts attribuables à la bactérie Listéria au Canada a été porté à huit, jeudi, tous en Ontario.

Le directeur général de l'Agence de la santé publique du Canada, Mark Raizenne, a indiqué que les trois plus récentes victimes sont des résidants de l'Ontario qui figuraient sur une liste de décès faisant l'objet d'une enquête.

Cette nouvelle est survenue le jour même des funérailles d'une femme âgée de Madoc, en Ontario, décédée après avoir contracté la bactérie Listéria.

Des membres de la famille de Frances Clark ont indiqué que la femme de 89 ans avait été hospitalisée pour une épaule disloquée après une chute, le mois dernier, et qu'elle avait passé du temps à l'hôpital et dans une maison de repos avant de devenir malade.

Les autorités de la santé publique n'ont pas encore déterminé si la mort de Mme Clark est lié à l'éclosion à l'échelle nationale de listériose.

La famille de Frances Clark souhaite que toute la lumière soit faite sur la mort. «Je crois que des enquêteurs devraient se rendre à la maison de repos et je crois que l'usine à l'origine de l'éclosion devrait faire l'objet d'une enquête très très poussée», a confié une amie, Shirley Sutton.

Jusqu'à présent, on compte 29 cas liés à l'éclosion de la souche de la bactérie Listéria qui ont été confirmés, alors que 36 autres font l'objet d'une enquête.

Outre les huit morts confirmés en Ontario, sept autres - quatre en Ontario, un au Québec, un en Colombie-Britannique et un en Saskatchewan - font l'objet d'une enquête, ont indiqué des responsables fédéraux de la santé.

La vice-présidente du Conseil des consommateurs du Canada, Eleanor Friedland, a dit ne pas croire que la sécurité des consommateurs soit réellement une priorité pour le gouvernement fédéral, comme il le prétend.

«Si c'est le cas, comment tant de gens ont pu mourir et combien d'autres vont présenter des symptômes? a soutenu Mme Friedland. La confiance des consommateurs envers le gouvernement et des compagnies comme Maple Leaf est ébranlée. C'est absolument outrageux.»

Mme Friedland a appelé le gouvernement fédéral à accroître le nombre d'inspections et les gouvernements provinciaux et municipaux à mettre de la pression sur Ottawa dans le dossier, qui sera selon elle un enjeu majeur d'une éventuelle campagne électorale automnale.

«Cela affecte plus de gens qu'on l'imagine, a fait valoir Mme Friedland, ajoutant qu'elle a reçu les témoignages de plusieurs citoyens inquiets. Les boîtes à lunch devront être repensées, les hôpitaux, les cafétérias devront changer. C'est un enjeu de consommation de très grande importance.»

Mme Friedland a aussi qualifié d'absurde la déclaration du président et directeur-général de Maple Leaf, Michael McCain, selon laquelle la source de l'éclosion pourrait ne jamais être identifiée.

«Ils doivent déterminer la cause pour s'assurer que cela ne se reproduise plus, a-t-elle soutenu. S'ils ne le font pas, comment être sûr que le problème ne pourra pas ressurgir le mois prochain? La préparation des aliments devrait exiger plus de soin.»

Le ministre fédéral de l'Agriculture, Gerry Ritz, a indiqué jeudi qu'environ 15 000 institutions, distributeurs et détaillants avaient fait l'objet d'inspections et que des produits avaient été retirés de la circulation - une preuve, selon lui, que les procédures de rappel fonctionnent bien.

A peine une heure après la conférence de presse du ministre, l'Agence de la santé publique du Canada a ajouté deux autres produits à une liste de rappel qui en compte désormais plus de 230.

Le directeur général de l'agence a indiqué que les Canadiens les plus à risque demeuraient les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes avec des systèmes immunitaires défaillants. Les symptômes incluent nausée, vomissements, crampes, diarrhée, maux de tête, constipation et fièvres persistantes.