Gilles Duceppe veut donner de Stephen Harper l'image d'un premier ministre aux allures de «Big Brother», qui se positionne chaque jour davantage à la droite de l'échiquier politique.

A côté de lui, même les Républicains de Georges W. Bush, aux Etats-Unis, paraissent désormais plus à gauche, selon le chef du Bloc québécois.

«Le vieux fond réformiste est remonté à la surface», a fait valoir M. Duceppe, vendredi, lors d'un point de presse, en marge d'une allocution prononcée à Québec, dans le cadre de la Conférence des peuples de la langue française.

Selon lui, plus le temps passe et plus le gouvernement fédéral tend à adopter des politiques et des lois fondées sur des valeurs hyper conservatrices, rigides et autoritaires.

«Je ne veux pas vivre dans une société où Harper serait le Big Brother», a-t-il ajouté, jugeant le portrait actuel «inquiétant, très inquiétant».

Selon lui, le genre de politiques mises de l'avant par les conservateurs depuis quelque temps, «on retrouve cela à la droite du Parti républicain, aux Etats-Unis».

En appui à sa thèse, il cite le dépôt du projet de loi C-10 qui, selon ses détracteurs, ouvrirait la porte à la censure au cinéma, et surtout l'abolition de plusieurs programmes culturels.

Au total, depuis le printemps dernier, 10 programmes de Patrimoine canadien ont été abolis, dont ceux destinés à financer les tournées d'artistes à l'étranger.

Le fait qu'au total Ottawa épargnera ainsi 23 millions $, sur un budget total de 220 milliards $, lui fait dire que la motivation réelle du gouvernement n'est pas économique, mais idéologique.

Comme chef d'un gouvernement minoritaire, M. Harper fait preuve de plus de rigidité que son prédécesseur, Paul Martin, selon lui.

Interrogé par ailleurs à savoir s'il prenait au sérieux les déclarations de la veille du premier ministre Harper, voulant qu'il serait prêt à déclencher des élections générales cet automne, M. Duceppe est demeuré vague.

Il a dit que cela dépendait de l'attitude du chef libéral, Stéphane Dion, au cours des prochains mois.

Il pense cependant que la population jugerait durement un déclenchement d'élections générales dès maintenant, l'interprétant comme une manoeuvre «hypocrite».

Pour provoquer des élections, le premier ministre devrait enfreindre la loi qu'il a lui-même fait adopter et fixant le prochain scrutin à l'automne 2009.

«Il y a une question de crédibilité dans ça», a commenté le chef souverainiste.