Trente-cinq vandales arrêtés, 22 nouveaux policiers ajoutés au poste 39, plus 10 autres qui vont assurer la visibilité policière dans les rues de Montréal-Nord, et quelques caméras de sécurité supplémentaires pour protéger des postes de police. Mais zéro commentaire sur les circonstances de la mort de Fredy Villanueva, le 9 août dernier.

Plus d'une semaine après les événements qui ont mis l'arrondissement de Montréal-Nord sur les dents, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a fait hier le point sur les récents événements.

Les quatre coups de feu tirés le 9 août ont-ils balayé des années de patient rapprochement entre la police et les gens du quartier? Le directeur du SPVM, Yvan Delorme ne le croit pas. «Ce n'est pas ma perception. Je suis allé sur le terrain, j'ai rencontré les organismes communautaires. Les ponts ne sont pas détruits.» Mais il ajoute que leur façon de communiquer devra peut-être être ajustée «pour être plus efficace». Le rétablissement du dialogue, particulièrement avec les leaders influents des communautés, est en tête de liste des priorités du SPVM.

Vient ensuite la nécessité d'appuyer le travail des policiers. Une trentaine d'agents - dont une vingtaine font partie du projet Éclipse, spécialisé dans la lutte contre les gangs de rue, et travailleront jusqu'à nouvel ordre à Montréal-Nord - sont ajoutés temporairement en attendant que la poussière retombe. Les besoins seront réévalués ultérieurement. M. Delorme se défend de reconnaître ainsi que le poste 39 manquait d'effectifs. «Avec les événements de dimanche, on devait prendre des mesures en conséquence.»

Le directeur Delorme a louangé le «courage» de ses troupes qui sont retournées sur le terrain la semaine dernière. «Ce n'était pas que la menace et le danger, mais aussi de faire face à une situation explosive. La moindre erreur aurait été perçue comme un affront et aurait été fatale.» La ligne est mince entre prévention et répression, a ajouté Yvan Delorme, et les policiers naviguent constamment entre les deux approches.

Yvan Delorme n'a pas fait de commentaire sur les événements qui ont impliqué deux de ses policiers pour ne pas nuire à l'enquête menée par la Sûreté du Québec. Il a cependant noté que ces enquêtes où la police enquête sur la police suscitaient des doutes dans la population. «Ce qui est désolant pour les citoyens, «...» c'est peut-être d'être tenus dans l'ignorance», a-t-il évoqué. «Mais je vais laisser les instances politiques décider si elles veulent faire autrement. En attendant, on a un système qui est efficace et je l'appuie.»

L'enquête se poursuit

Pendant ce temps, la Sûreté du Québec (SQ) a indiqué avoir rencontré jusqu'ici quelque 70 présumés témoins des incidents ayant mené à la mort de Fredy Villanueva.

La SQ refuse toujours de dire si elle a formellement interrogé les deux policiers impliqués dans la mort du jeune homme. Tout au plus, la SQ se contente-t-elle d'indiquer qu'un contact direct a été établi avec les deux policiers du SPVM et qu'il est maintenu et continue de promettre une enquête intègre, impartiale et rigoureuse.

La SQ confirme aussi que le dossier pourrait bientôt être confié à un procureur de la Couronne qui, à son tour, décidera si des accusations doivent être portées.

Avec La Presse Canadienne