Le règne de Raynald Fradette au centre-ville d'Alma n'aura duré que deux ans. Le flamboyant homme d'affaires s'est en effet placé sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, mercredi dernier.

Il n'y a pas si longtemps, de nombreux citoyens considéraient encore Raynald Fradette comme le sauveur du centre-ville d'Alma. Natif de la capitale jeannoise, il était revenu en grande pompe sur ses terres, faisant rapidement l'acquisition de huit bâtiments, pour une superficie totalisant plus de 100 000 pieds carrés.

Notamment, la ville lui avait concédé l'ancien Palais de justice, situé à l'intersection des rues Collard et Saint-Joseph, pour la somme symbolique de 1 $. Il avait également mis la main sur les centres commerciaux Plaza 2 (en partie) et 3.

Au cours des mois qui suivirent, Raynald Fradette a ouvert un restaurant-bar, le Sacray Joe, puis une discothèque, le James Alexander. Il a aussi réaménagé complètement l'intérieur de ses centres d'achats, espérant ainsi y attirer de nouveaux locataires.

À l'intérieur de l'ancien Palais de justice, il a par ailleurs construit des lofts de luxe.

La nouvelle de sa faillite a eu l'effet d'une bombe, hier, à Alma. Raynald Fradette était perçu par plusieurs comme l'incarnation du renouveau. Dans le contexte où Alma et les deux paliers de gouvernements ont annoncé conjointement près de 10 millions $ d'investissements pour la réfection du secteur, il constituait une pièce maîtresse du casse-tête qui se dessinait peu à peu.

"Pour la Société de développement commercial (SDC), il s'agit d'une nouvelle très décevante, confie le président de la SDC, Pierre Gaudreault. Ses ambitions étaient gigantesques et c'est dommage que ça se termine ainsi. Personne ne pourra le blâmer d'avoir essayé."

Selon Pierre Gaudreault, l'échec de Raynald Fradette ne devrait toutefois pas décourager d'éventuels investisseurs qui seraient tentés de poursuivre son rêve.

"Ce qu'il a fait a été bien fait, exprime-t-il. Les bâtiments qu'il a acquis et rénovés demeurent très intéressants pour quelqu'un qui cherche à investir."

Président de l'Association des propriétaires fonciers du centre-ville d'Alma, Jeannot Boulianne partage les sentiments de son homologue de la SDC.

"Il fallait du cran pour se lancer dans un tel projet. Raynald Fradette avait une vision globale et celle-ci correspondait parfaitement à ce que nous sommes en train de bâtir, avec le plan de réfection du centre-ville. Il a travaillé jour et nuit, mais ce n'était pas suffisant. D'autres finiront sans doute ce qu'il a entrepris", signale Jeannot Boulianne.

Entre autres créanciers, les anciens propriétaires des centres commerciaux n'auraient quant à eux aucune crainte puisqu'ils avaient exigé des garanties avant de céder leurs biens à l'homme d'affaires.

"J'ai vérifié mon courrier ce matin et je n'ai pas reçu la lettre du syndic de M. Fradette. Lors de la transaction, nous avons cependant pris les mesures nécessaires pour avoir des garanties", confie l'un d'eux, l'homme d'affaires almatois Yvon Lévesque.

Palais de justice

Hier matin, les autorités municipales d'Alma ne savaient toujours pas ce qui allait survenir de l'ancien Palais de justice.

"Nous avons reçu l'avis du syndic, mais aucune liste de créanciers. Il est donc trop tôt pour dire ce qui va se passer. Il faudra attendre pour obtenir des réponses à nos questionnements", explique le directeur général, Guy Simard.

Selon lui, Raynald Fradette devait quelque 75 000 $ en taxes impayées.

"A-t-il voulu en faire trop d'un seul coup? Peut-être. Mais il a travaillé très fort et il ne laisse pas ses bâtisses dans un état lamentable, bien au contraire. Ce qu'il a réalisé ne s'envolera pas en fumée", signale le premier fonctionnaire de la ville.