Le mystère persiste quant aux motifs de l'intervention policière qui a causé la mort de Fredy Villanueva, samedi soir. Tandis que la Sûreté du Québec mène son enquête, le frère de la victime reproche aux policiers d'être intervenus sans raison valable.

«Je n'ai aucune idée du pourquoi de l'intervention policière; les policiers ne m'ont rien dit», a raconté hier Dany Villanueva, 22 ans, le frère de la victime de 18 ans.

Samedi soir, Dany Villanueva jouait aux dés avec son frère et un groupe d'amis dans le stationnement du parc Henri-Bourassa quand deux policiers du poste 39, à Montréal-Nord, sont intervenus. Aucun membre du groupe n'était armé, selon divers témoins.

«Le policier est venu me voir et il m'a dit: «Toi, viens ici»», poursuit Dany Villanueva, qui est connu des services policiers. Le groupe aurait alors refusé de collaborer, selon des témoins interrogés au cours du week-end.

«Ensuite, un policier m'a pris la main et m'a plié le bras, raconte Dany Villanueva. Il m'a lancé sur le capot de l'auto. Quand j'ai réussi à me dégager, le policier m'a pris par la gorge. Il m'a jeté par terre et l'autre policier a mis ses genoux sur mon dos.»

«Mon frère s'est approché, il a dit: «qu'est-ce que vous faites?»» raconte Dany Villanueva. C'est à ce moment que le policier a ouvert le feu à quatre reprises, tuant Fredy Villanueva et blessant deux autres personnes. Selon des témoins, un membre de sa bande aurait entre-temps sauté au cou de l'autre policière.

Peu après l'incident, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a indiqué que ses agents s'étaient sentis menacés. «Menacés? Pourquoi? réagit Dany Villanueva. Mon frère a juste essayé de m'aider. Il a dit: «lâchez mon frère«, c'est tout.»

Le SPVM n'a pas voulu commenter les événements, hier, et renvoyait les questions à la Sûreté du Québec (SQ). En vertu d'une politique ministérielle, la SQ est chargée de faire enquête sur la mort du jeune homme.

«Pour l'instant, on sait que les policiers ont voulu procéder à l'arrestation d'un individu dans le groupe», indique Mélanie Paul, porte-parole de la SQ. Elle ne peut dire si le policier avait l'intention d'arrêter l'homme avant ou après l'intervention fatale.

Les enquêteurs étudient les images captées par les caméras placées sur le toit d'un centre communautaire, en face du parc Henri-Bourassa, où la fusillade a eu lieu.

Connu des policiers

Dany Villanueva était connu des policiers. Il a purgé 11 mois de prison en 2006 pour vol qualifié. Plus tôt cet été, il a été accusé de vol qualifié, de possession et d'usage d'armes à feu et de bris de probation pour un incident survenu le 18 juin. Il reviendra en cour le mois prochain.

Toutefois, l'avocat de Dany Villanueva, Me Gunar Dubé, affirme que rien n'empêchait son client de se trouver dans le parc Henri-Bourassa ce soir-là. «Il n'était accompagné d'aucune personne coaccusée dans la cause pendante. Et personne sur les lieux n'était une victime des incidents du mois de juin.»

Après avoir mené son enquête, la Sûreté du Québec devra faire rapport au substitut du procureur général, qui décidera s'il doit porter des accusations criminelles contre les policiers.

De son côté, le commissaire à la déontologie policière pourrait lui aussi mener son enquête si la famille de la victime ou toute autre personne décide de porter plainte.

«Si l'on porte plainte et que le comité à la déontologie policière conclut qu'il y a eu manquement, l'agent s'exposerait à diverses sanctions allant de la suspension à la destitution à vie», explique Réjean Gauthier, commissaire adjoint à la déontologie policière.