L'ancien avocat et bénévole sportif Davis Forrest, 51 ans, va en prison pour les 12 prochains mois. La juge Johanne Roy de la Cour du Québec a rejeté sa requête pour purger sa sentence dans la collectivité parce qu'elle estime que l'agression sexuelle d'un garçon de 16 ans avec la complicité d'un autre adulte et le comportement insouciant de Forrest pour les conséquences de son crime le disqualifient pour ce genre de sentence.

Davis Forrest avait plaidé coupable récemment à une accusation d'agression commise le 19 novembre 2005 en compagnie de son conjoint sur l'adolescent, après lui avoir fait consommer de l'alcool au cours d'une virée des bars gays sous prétexte de l'initier au milieu homosexuel.

La virée s'était terminée dans un appartement où ils ont visionné un film porno avant d'aller au lit. Une sexologue mandatée par le service de probation en prévision de la sentence de l'agresseur sexuel a évalué les risques de récidive de faibles à moyens et décelé en lui diverses lacunes sur le plan professionnel, personnel et familial. Davis Forrest avait nié les faits lors de sa première déclaration aux policiers et tenté de justifier son déni par sa volonté de protéger son complice et conjoint. Le conjoint avait préféré reconnaître les faits le jour même de sa rencontre avec les policiers et se suicider quelques mois plus tard, vraisemblablement pour éviter de supporter l'opprobre public.

Davis Forrest mène une existence solitaire et évite de tisser des liens avec son entourage. Il est rejeté par l'ensemble de sa famille depuis que les faits ont été connus publiquement. Il n'a plus de carrière et a abandonné un travail de cuisinier depuis quelques mois pour se concentrer sur ses problèmes de santé qui l'empêchent dorénavant de consommer de l'alcool.

La juge Roy a expliqué que plusieurs facteurs aggravants doivent être pris en considération dans les faits et gestes de l'agresseur: sa victime est mineure et il a abusé de sa confiance alors que le déséquilibre est flagrant entre un homme d'âge mûr et la vulnérabilité de sa victime. En l'agressant, il a ajouté aux perturbations qui peuvent accompagner la découverte de la sexualité à l'adolescence.

La juge retient que Forest n'en est pas à ses premières dérives avec une condamnation pour fraude en 1998 et pour action indécente en 2003, quand il a été surpris à se masturber avec un autre homme sur une plage publique.

Ce qui désole le plus la juge et lui fait craindre la récidive, c'est que Forrest n'a pas pris conscience de torts qu'il a causés et qu'il est tout occupé à peaufiner son image et se préoccuper de son propre sort. Elle a noté qu'à la lecture de la déclaration de la victime évoquant ses séquelles, il avait haussé les sourcils d'un air sceptique.

Forrest devra respecter une ordonnance de probation au cours des deux ans qui suivront sa sortie de prison et suivre une psychothérapie. La Cour lui ordonne aussi de fournir un échantillon d'ADN à la Banque nationale des données génétiques et tenir à jour ses coordonnées au Registre national des délinquants sexuels pendant les 20 prochaines années.