L'organisateur en chef du Parti conservateur, Doug Finley, a été expulsé par les membres du comité parlementaire de l'éthique, qui reprenaient hier l'étude des dépenses électorales des troupes de Stephen Harper durant la campagne de 2006.

M. Finley, qui avait été convoqué pour demain, s'est plutôt présenté hier matin et a insisté pour témoigner sur-le-champ. Après environ une demi-heure de débats entre députés du gouvernement et de l'opposition, le président du comité, Paul Szabo, a invité l'organisateur à partir. Devant son refus, des agents de sécurité l'ont escorté à l'extérieur de la salle.

Cet incident illustre le climat qui a régné durant cette réunion de plus de cinq heures. Le comité se penche sur une décision du Directeur général des élections du Canada (DGEC), qui a refusé de rembourser des dépenses de candidats du parti aux dernières élections au motif qu'elles avaient plutôt été engagées par le parti national.

Ce stratagème dit du «in and out» aurait permis aux instances nationales du parti de dépenser au-delà d'un million de dollars de plus que la limite permise par la loi électorale. Le commissaire aux élections fédérales enquête tandis que le PC a intenté une poursuite contre Élections Canada devant la Cour fédérale.

Des témoins «hostiles»

Hier, six témoins ont comparu, parmi lesquels d'anciens candidats conservateurs ont exprimé leur désaccord relativement à ces pratiques de financement.

Gary Caldwell, qui s'est présenté dans Compton-Stanstead, a affirmé que les instances nationales du parti avaient versé puis immédiatement retiré 37 000$ dans son compte de campagne. Mais il a par la suite refusé de déclarer cette somme comme une dépense locale. «Cela me paraît assez clair dans l'esprit de la loi que ce n'était plus une dépense acceptable pour notre circonscription», a-t-il dit.

M. Caldwell, qui n'est plus membre du PC, représentera le Parti vert aux prochaines élections.

Ann Julie Fortier, candidate dans Berthier-Maskinongé en 2004, a affirmé que sa candidature avait été écartée en 2006 parce qu'elle avait refusé de prendre part au système de transferts d'argent entre le parti et l'association de circonscription. «Ce n'est pas vrai que je vais gonfler les dépenses électorales pour avoir un retour plus grassouillet», a-t-elle déclaré. «De toute façon, je me regarde dans le miroir et je suis bien fière de moi», a-t-elle ajouté.

Le candidat conservateur défait en 2006 dans la circonscription montréalaise de Bourassa, Liberato Martelli, a pour sa part laissé libre cours à sa frustration au cours d'un témoignage haut en couleur, ce qui lui a valu d'être qualifié de «témoin hostile» par le député conservateur Gary Goodyear.

«Quand j'ai servi ce parti-là, c'est que je croyais en une vision. Mais j'ai remarqué qu'ils ne sont pas aussi intègres qu'ils le disent. Et j'ai été très déçu de cela», a-t-il lancé. M. Martelli n'a pas participé au système de transfert d'argent pour l'achat de publicité, qui est au coeur du litige entre Élections Canada et le PC. Il a néanmoins affirmé que le parti a déposé 14 000$ dans son compte de campagne pour les retirer 24 heures plus tard.

Toute la semaine

Le comité doit se réunir tous les jours jusqu'à jeudi. Aujourd'hui, les agents officiels de quatre députés conservateurs du Québec doivent comparaître, de même que David Marler, le candidat conservateur de Brome-Missisquoi. M. Marler a lui aussi refusé de participer au système.

Avec La Presse Canadienne